Bâton d’or : Tournoi d’escrime organisée tous les deux ans au sein de l’arène d’Aquira. Les meilleurs bretteurs de Melinir s’affrontent au bâton. Le vainqueur des cinq dernières éditions est Etimer Adilaq, un armurier qui a depuis son enfance été formé au maniement des armes comme l’épée à une main, la lance, la hache de combat, l’arbalète et l’arc.
Tournoi mondial – Caserne sud d’Aquira, bataillon 35
C’était la quatrième nuit qu’ils vagabondaient dans la ville. Aquira était trop vaste pour qu’ils puissent progresser efficacement, néanmoins, ils avaient pu délimiter leurs recherches dans la partie ouest de la ville, ne sentant aucune vibration dans l’autre fraction. La notion du temps les avait dupés affreusement, car ils avaient distinctement ressenti la présence de l’homme qu’ils pourchassaient depuis quelques jours, sans pour autant réussir à lui mettre la main dessus. Une émanation abominable qui, malheureusement se perdait dans la trop grande densité des quartiers.
Apparemment, ce meurtrier savait écarter ses ennemis et se mettre en sureté. Un imprévu qui les faisait bouillonner de rage et leur donnait envie de saccager la cité entière.
Malgré tout, ils devaient rester lucides, et recherchaient donc de manière méthodique, arpentant la ville par quartier, leur sixième sens leur indiquant lorsqu’ils seraient à proximité de l’arme. Il fallait juste user de patience, sans perdre de temps non plus, car Rha-Zorak était à présent averti de l’apparition d’un Haïdalir… Leur général les avait tenus informés de la situation actuelle à la Forteresse.
Leur méthode de recherche était réfléchie et organisée ; ils passaient la journée en dehors d’Aquira et, une fois la nuit tombée, se glissaient silencieusement derrière une habitation abandonnée, en bordure de ville. Là où aucun garde ne pouvait les voir ; leurs Hodraques les déposaient et revenaient avant le lever du jour. Ils passaient ensuite chaque rue en revue, de long en large, sans omettre le moindre quartier.
Ils étaient vêtus d’une cape noire qui leur descendait jusqu’aux chevilles, ainsi que d’un capuchon qui masquait leur visage granuleux et leurs yeux rouges. Harghour portait une flamberge à sa ceinture et Rahcsar une hache à deux mains.
Ils ne rechercheraient plus Haïdalir pour cette nuit, car le lever du jour était proche et ils devaient rencontrer un indicateur avant de disparaître de la cité.
Les deux créatures accélérèrent le pas, car le temps leur était maintenant compté.
Une heure plus tôt, un Pillard les avait informés qu’Etimer, leur chef, souhaitait les rencontrer. Ils espéraient donc obtenir des renseignements précieux, car il avait la réputation d’être une véritable ombre, le meilleur espion sur Melinir.
Courbés et dissimulés derrière leurs capuches, ils frappèrent à la porte.
L’homme ouvrit, et bien qu’il était habitué à côtoyer des Huttlords, il ne put s’empêcher de détourner la tête lorsque son regard se plongea dans leurs yeux rouges sang.
D’un signe de tête, il leur fit signe d’entrer sans trop tarder, car bien qu’ils étaient méconnaissables, leur taille de plus de deux mètres et leur corpulence colossale risquait d’éveiller quelques soupçons si on venait à les remarquer.
Une aura de mort régnait à présent dans son salon. Tout était sobre et bien rangé, aucun désordre ; on voyait qu’il avait l’habitude de voyager régulièrement. L’une des créatures remarqua les cinq Bâtons d’Or disposés au dessus de sa cheminée de pierre. Tous deux respectaient ses extraordinaires aptitudes au combat, car il était le champion des cinq dernières éditions de ce tournoi, mais aucun de ces stupides organisateurs ou membres du Conseil n’avait décelé sa véritable identité.
− As-tu aperçu notre homme ? le questionna Harghour d’une voix caverneuse.
− Exactement.
− En es-tu sûr ?
− Ces morveux ont tué deux de mes hommes et en ont assommé un autre : Lastar, qui est venu me rapporter l’incident. Il m’a dit que l’un d’eux possédait une épée particulièrement dangereuse qui lui a permis de les réduire en morceaux. Lastar a un sens de l’observation bien aiguisé et m’a ensuite fait une description exacte de l’individu en question et de son arme. Je ne forme personne qui n’ait pu me prouver la qualité de son sens de l’observation, il est d’ailleurs étonnant que ce vaut-rien ait réussi à éliminer trois de mes hommes aussi facilement.
− Ce morveux est surprenant, il pourrait devenir très puissant, trop puissant. Il n’a pas hésité à noyer l’un de nos frères sous les décombres d’un édifice qui avait une très grande valeur pour les habitants de son village…, siffla Rahcsar en serrant son poing granuleux. Mais revenons à ce qui importe : où est-il ?!
− Et bien je l’ai aperçu il y a quelques jours, il sortait de l’hôtel de ville. J’ai tout d’abord constaté que son épée avait bien plus de valeur que son allure de fermier égaré. Je suis armurier de profession, j’en connais un rayon sur les armes, et son manche incrusté de pierres précieuses m’a fait comprendre qu’il ne s’agissait pas d’une arme ordinaire ; qui plus est, son profil correspondait à celui que m’avait décrit Lastar. J’en ai rapidement déduit qu’il était question du Haïdalir que vous recherchiez, sans compter que Merino Dubir, membre du Conseil l’a rejoint quelques minutes plus tard. Je les ai suivis jusqu’à l’auberge du Trappeur, c’est là qu’il séjourne avec son compagnon. Le bâtiment est à l’autre bout de la ville, à deux rues de la Foire aux Mystères. Il se rend tous les matins au musée d’armes, et revient en fin d’après-midi. Les chambres sont au deuxième étage ; l’escalier sur la gauche. J’aurais aisément pu le tuer, mais ayant appris que vous aviez des comptes à régler, je n’ai pas souhaité vous marcher sur les pieds, car mes hommes vous ont déjà repéré, vous devriez faire plus attention… Voilà, je n’ai plus rien à ajouter.
− Merci, tu honores ton alliance avec le Seigneur du Désert. Une fois l’épée remise, il saura te remercier comme il se doit.
Ils devaient à présent partir, car le soleil se lèverait tantôt.
Ils quittèrent la maison d’Etimer, et retrouvèrent leurs Hodraques à l’ombre de l’auberge abandonnée, où ils avaient rendez-vous tous les jours avant l’aube. Les deux créatures ne pourraient voir le meurtrier maintenant, par faute de temps, mais le feraient la nuit suivante, car le tuer en plein jour leur serait impossible ; un groupe de soldats les intercepterait avant qu’ils n’aient pu atteindre le Trappeur.
Ils grognaient et s’impatientait, mais mettraient enfin la main sur l’assassin de HuaǶird, le voleur de l’arme, celui qui osait s’interposer à la volonté de l’Éternel.