Melinir Tome 1 - Chapitre 5 - Le commencement d'une nouvelle vie

Chapitre 5 – Le commencement d’une nouvelle vie

Barbares du Nord : Clans de vagabonds vivant sur la côte nord du continent. Leur vie précaire se base sur la chasse et la pêche. Les différentes tribus aiment se défier lors de duels, et la valeur d’un clan est jugée à la qualité de ses guerriers.

Régions, Autorités et Organisations – Encyclopédie du Savoir d’Aquira
Melinir Tome 1 - Chapitre 5 - Le commencement d'une nouvelle vie

   Le lendemain matin, les premiers rayons du soleil vinrent éclairer sa chambre en l’inondant d’une douce chaleur printanière. Faisant les cent pas, Eldan était réveillé depuis longtemps et préparait minutieusement ses utilitaires pour le grand départ : des habits de rechange, une vieille casserole, une gourde et un couvre-toit. Il enfila un pantalon brun, relativement large et agréable à porter, puis se vêtit d’une ample chemise grise.

   Malgré le long voyage qu’il aurait à effectuer, le strict minimum suffisait. Il n’oublia pas les casse-pains que lui avait préparés sa mère ; un petit pain garni d’œufs brouillés.

   Il en remplit la petite poche de son sac en bandoulière et ajouta de la viande séchée et quelques fruits, juteux de préférence.

   Une fois prêt, il regarda une dernière fois sa chambre puis ferma tristement la porte. Il descendit les escaliers et se rendit à la cuisine, mais ses parents n’y étaient pas, ils devaient déjà être dehors. Eldan sortit pain, beurre, confiture et lait, enfin tout le nécessaire pour prendre son ultime petit-déjeuner.

   Rassasié, il sortit de la maison. D’un geste va-et-vient, Aline et Roald jetaient des grains aux poules d’un air maussade. En le voyant approcher, prêt au départ, ils abandonnèrent leur besogne pour le rejoindre.

   Leur unique fils allait quitter le foyer, leur foyer.

   Son père s’avança encore :

   − Bonne chance, Eldan…

   Celui-ci lui répondit d’une poignée de main de forgeron : ferme et énergique. Mais Roald l’étreignit dans ses bras.

   − Au revoir, fit Eldan.

   − Fais attention à toi, dit-il en lui ébouriffant les cheveux, reviens vite, et en vie.

   − Tu me connais.

   − Justement. Qu’il ne t’arrive rien. Euh… ta mère aimerait t’offrir quelque chose.

   Il s’effaça pour laisser place à son épouse :

   − Donne-moi ta main, s’il te plaît.

   Il s’exécuta.

   Elle sortit de sa poche une fiole en bois qu’elle déposa délicatement dans la paume de sa main. Le récipient était fermé grâce à un bouchon de liège.

   − Qu’est-ce que c’est ? demanda Eldan, qui n’avait aucune idée sur ce dont il s’agissait.

   − Cette potion guérit tous les maux. Garde-le précieusement. Elle est miraculeuse.

   Son regard tendre se mêlait à une peur apparente qu’elle essayait tant bien que mal d’effacer de son visage.

   − Au revoir, mon garçon.

   Elle le prit dans ses bras pour une dernière étreinte.

   − Au revoir maman… Merci pour le… comment ça s’appelle en fait ?

   − PurCiel, répondit-elle simplement. C’est très rare.

   Il rangea le flacon avec précaution dans son sac en bandoulière.

   Dans un ultime élan de motivation empreint de tristesse, il prit la direction du village :

   − Je reviendrai, je vous le promets, je reviendrai !

   Ses parents lui adressèrent un signe de main en guise d’adieu.

   Il avait dissimulé son épée dans une fine couverture qu’il avait accrochée à sa selle – il n’avait pas parlé de sa découverte à sa mère, ne voulant pas l’angoisser plus qu’elle ne l’était déjà.

   Il contempla une dernière fois ce chemin terreux qu’il n’emprunterait plus avant longtemps. Les chênes qui bordaient la route étaient les ultimes vestiges d’une vie qu’il allait bientôt enterrer.

   Pour en démarrer une autre.

   Les feuilles s’envolèrent dans un vent qui se levait gentiment, annonciateur de changement.

   Arrivé au village, il remarqua que tout était étonnamment calme, c’est du moins l’impression qu’il eut comparée à la veille. Dans tous les cas, il se dirigea vers l’écurie détruite, où il avait rendez-vous avec Mornar. Il tressaillit lorsque son regard se plongea dans l’amas de cendres et de bois calciné et repensa à l’incident qui avait failli lui coûter la vie.

   Son angoisse s’estompa dans un éclat de rire en voyant Mornar s’approcher de lui. Son ami avait enfilé un plastron, un heaume, des gantelets et des cuissardes ; enfin l’équipement nécessaire au port d’une armure.

   − Tu pars en guerre ? demanda Eldan qui peinait à conserver son sérieux.

   − Je préfère me protéger convenablement au cas où nous rencontrerions d’autres Huttlords, rétorqua-t-il.

   − Nous livrons une épée à Aquira, on n’a pas été mobilisé pour aller au front, je te rappelle que nous devrons gravir la Montagne du Soleil. Ton cheval préférerait te transporter sans armure.

   Mornar regarda son plastron, puis céda :

   − Tu as peut-être raison. Passons chez moi avant de quitter Hatteron.

   Il désigna un chêne et leurs deux juments du doigt :

   − J’ai attaché Flèche-Noire près de Mandoline.

   La jument de Mornar était de taille égale à celle d’Eldan, plus âgée, elle dégageait une attitude mûre et posée, lui donnant un air de sérénité, de sécurité, comme si elle veillait sur Flèche-Noire.

   Les deux chevaux sentaient le début d’un long voyage.

   − Merci, lui rendit Eldan. Tu es prêt ?

   − Je t’attendais.

   Ils firent le crochet chez Mornar, qui changea son armure pour une tenue bien plus pratique. Une braie verte, ainsi qu’une courte tunique.

   Les deux hommes quittèrent Hatteron en direction de l’ouest.

   En direction d’Aquira.

   Après une heure de route, Eldan attacha son épée à sa ceinture et s’entraîna à la dégainer le plus rapidement possible devant Mornar, qui l’observait avec curiosité, il n’avait apparemment toujours pas digéré le fait que la lame lui soit aussi facile à porter qu’un rocher de cent kilos.

   Mais il avait pris de quoi se défendre. Son père lui avait offert son arc, jugeant comme la mère d’Eldan qu’il lui serait plus utile, et il savait très bien s’en servir. C’était un excellent chasseur.

   Mornar n’avait pas contredit le choix d’Eldan qui souhaitait se rendre à Aquira pour en découvrir davantage sur son épée. Aussi fut-il rassuré en apprenant que Roald n’avait pas réussi non plus à la décoller du sol.

   − Que ferons-nous une fois que nous l’aurons remis à… comment s’appelle-t-il au fait ? se renseigna Mornar.

   − Merino Dubir. Et pour être franc, je n’en ai aucune idée. Tu feras ce qui te plaira, en l’occurrence faire la tournée des tavernes et des jupons d’Aquira, je suppose.

   – Tu n’es pas loin de la vérité.

   – Personnellement, je devrai faire en sorte que les Huttlords me lâchent la grappe.

   – Tu es fou, je ne te laisserai pas tomber ; pour que tu te les farcisses à toi tout seul, jamais.

   – Je n’ai pas une seule seconde l’intention de les affronter, et je pense que toi non plus, je vais plutôt chercher à me faire oublier, tu sais très bien qu’ils nous mettraient en pièces.

   « Tu aimerais que ton corps éventré se fasse dévorer par les charognards ?

   Mornar, soudainement plus soucieux, déglutit avec difficulté :

   − Effectivement, je préfère les tavernes et les jupons…

   − Bien, il faudra te faire à cette idée. Tu étais prévenu…

   − Je sais.

   Eldan tenta de le rassurer :

   − Une fois à Aquira, nous serons en sécurité, ils devraient nous lâcher la grappe, la cité est la première puissance du Nord, elle trop bien gardée. Ils n’oseraient pas y pénétrer.

   − Alors, ne traînons pas.

   Le soleil était à présent au plus haut, et ils décidèrent de s’arrêter pour manger. L’herbe était particulièrement verte lors de ce début de printemps, recouvrant l’immense étendue des plaines. De nombreux noisetiers, cornouillers et aubépines peuplaient les différents bosquets ; tout comme les chênes, les frênes, les ifs et les épicéas qui étaient toujours abondants.

   Eldan n’était jamais vraiment sorti de Hatteron, seulement pour pêcher ou chasser avec son père et quelques fois avec Mornar. Après plus ample réflexion, partir de son village n’était finalement pas une si mauvaise idée.

   Ils s’arrêtèrent une heure plus tard pour manger un morceau, Eldan sortit de la viande séchée et du casse-pain. Ils finirent le repas par quelques fruits.

   − Tu sais manier une épée ? demanda soudainement Eldan.

   − Bien sûr, répondit-il d’un air satisfait.

   − Tu n’es pas crédible.

   − Non pas du tout.

   − Il faudrait s’entraîner.

   − Tu as raison, même si je n’en porte pas, toi tu en as une. Il te faudrait apprendre à t’en servir.

   − Et cela ne te ferait pas de mal non plus.

   Ils n’eurent aucun mal à trouver deux bâtons assez résistants pour tenir quelques chocs, puis prirent une garde très sommaire avant de se jeter l’un sur l’autre.

   Eldan prit quelque peu l’avantage sur son ami, car il était plus rapide. Mais le combat livré n’était pas très beau à voir, il ressemblait plus à deux gosses essayant de savoir lequel possédait le bâton le plus résistant.

   Malgré la supériorité d’Eldan, Mornar compensa sa lenteur en frappant plus violemment, et il commença à le dominer. Eldan remarqua rapidement que les jambes étaient un endroit facile à toucher, car ils ignoraient comment utiliser leur bâton efficacement à tous les niveaux du corps pour se protéger. Le jeune homme para un assaut sur le côté, et aussi rapidement que possible frappa sur la cuisse de Mornar qui vacilla et réussit tout de même à effleurer l’épaule d’Eldan.

   Les deux hommes continuèrent leur échauffourée jusqu’à être couverts d’hématomes. Une expérience fructueuse pour eux malgré les ecchymoses, car ils étaient maintenant sûrs de n’avoir aucune idée en matière de combat, et devraient apprendre à se défendre s’ils voulaient espérer survire à l’hostilité des plaines sauvages.

   − Stop ! Arrêtons-nous là ! s’écria Eldan en jetant son bâton, à bout de souffle.

   − Bonne idée, j’ai l’impression d’avoir couru durant deux jours.

   Grimaçant, ils reprirent la route à travers les plaines ondulantes.

   De temps en temps, Mornar faisait galoper Mandoline qui, malgré son âge, était puissante et avait de l’énergie. Une robe brune et une posture athlétique rendaient ses accélérations particulièrement impressionnantes, pas autant que celles de Flèche-Noire, mais assez pour décoiffer son cavalier.

   Flèche-Noire s’impatientait de faire de même et attendait avec engouement le signal d’Eldan qui, après quelques secondes, lui souffla quelques mots.

   Elle démarra comme un véritable boulet de canon et le jeune homme dut s’accrocher fermement pour ne pas tomber sur le dos. Il ne le disait jamais ouvertement pour ne pas paraître trop audacieux, mais son cheval était le plus rapide qu’il n’ait jamais vu.

   Revenus au trot, les deux amis se mirent côte à côte pour discuter du chemin à prendre, mais Eldan avait déjà réfléchi à la question.

   − Le mieux serait de le longer le Lac Mélam et de gravir la montagne par le versant nord. Mon père m’a expliqué le chemin à prendre. Il est raide, mais c’est le plus rapide.

   − Il nous faudra prendre garde aux Singals, car nous passerons près de la Forêt du Nord.

   − Et ne pas dormir à proximité des lisières.

   − Compris chef.

   Ils voyagèrent jusqu’au soir et montèrent un bivouac au pied d’une petite colline où quelques rochers leur permirent de rester camouflés d’une rencontre non désirée. Un bref repas les occupa jusqu’à l’arrivée de la nuit.

   Ils partirent tôt le matin en gardant le cap vers l’ouest. Une fine rosée scintillait sur l’herbe, mais elle se dissipa rapidement dans les premières lueurs de l’aube.

   Ils prenaient fréquemment le galop en vue de l’espace qu’ils avaient à disposition, le voyage était pour l’instant loin d’être un fardeau.

   Plutôt une libération.

   Ils s’arrêtèrent au soir devant un rocher les surplombant de plusieurs mètres, et virent au loin les eaux du Lac Mélam.

   − Et dire que je n’avais jamais vu ça, s’écria Mornar, le regard avide de curiosité.

   En effet, le massif rocheux ressemblait davantage à une sculpture qu’à un minéral sauvage. Il mesurait bien vingt mètres de haut, mais était replié vers l’avant telle une vague prête à s’écraser.

   Étant protégés d’une averse, ils décidèrent d’y passer la nuit. Sans tarder, ils firent un feu pour combler la morsure du froid qui s’installait avec l’obscurité. Un léger vent chassait les nuages et soufflait au loin la fumée qui s’échappait des braises, divulguant un magnifique voile d’étoiles qui semblait scintiller plus qu’à l’ordinaire.

   Soudainement, Mornar tourna la tête, aux aguets. Il venait d’entendre de l’agitation.

   Il se leva et marcha jusqu’à l’angle du rocher.

   − Que se passe-t-il ? s’inquiéta Eldan.

   Il y avait quelqu’un ou quelque chose, et ils n’allaient pas tarder à faire sa connaissance. Mornar lui fit comprendre qu’il devait garder le silence, puis prit son arc, sortit discrètement une flèche du carquois et s’adossa sans un bruit contre la paroi rocheuse.

   D’un rapide mouvement, il se retourna et tira.

   Eldan posa la main sur le manche de son épée en se demandant pourquoi son ami restait pareillement à découvert ; il dégaina discrètement sa lame en s’approchant.

   Mornar serrait le poing avec un sourire juteux :

   − Tu aimes le lapin ?

   − Espèce d’idiot, la prochaine fois avertis-moi que ce n’est rien de grave !

   − Il fallait tirer vite, et silencieusement.

   Eldan s’avança et vit le corps de l’animal dans une touffe d’herbe. Présenté de cette manière, ça n’avait rien d’appétissant, mais il ne put s’empêcher de saliver en imaginant comment ils allaient le cuisiner.

   Ils le firent mijoter dans du bouillon et le rehaussèrent avec quelques herbes. Le résultat fut succulent et une fois dévoré, ils s’installèrent confortablement autour du feu pour digérer. Seulement, comme Mornar avait du mal à rester tranquille plus de cinq minutes, Eldan dut lui donner son épée pour qu’il tente une nouvelle fois sa chance, mais sa tentative ne fut pas plus concluante que les autres.

   − Je vais arrêter de m’obstiner à réussir quelque chose, lança Mornar, ça me fait penser à toi.

   Le jeune homme savait que son ami n’avait pas tort, car l’échec était un dénouement qu’il n’avait jamais su digérer, quitte à s’acharner indéfiniment jusqu’à réussir.

   − Tu te souviens des luttes que nous faisions à l’école ? demanda Mornar.

   − Oui, le jour où Skalit m’avait retourné trois fois d’affilée…

   − Quatre, rectifia Mornar, car chaque fois qu’il remportait l’affrontement, tu te relevais et retournais combattre sans jamais abandonner, jusqu’à le faire voler lors de ta cinquième tentative.

   Eldan ne répondit pas et se plongea dans ses souvenirs pour constater que ceux de Mornar étaient bien véridiques, puis regarda son ami tenter une nouvelle fois de soulever son épée ; cependant, toute la volonté du monde ne lui serait d’aucun secours contre cette force invisible qui l’empêchait de s’en emparer.

   Le jeune homme continua de laisser son esprit vagabonder dans ses mémoires, pour repenser à la serveuse de Hatteron.

   − Ça n’a pas été trop dur de quitter Silève ? demanda-t-il en levant la tête.

   − Je suis allé siroter un dernier pot à la taverne. Je lui ai dit que nous partions, peut-être pour toujours.

   − Et ?

   − Nous n’avons pas eu le temps de papoter, des clients attendaient, dit-il avec un ton d’amertume. Elle m’a paru sacrément contrariée, et m’a tourné le dos sans dire un mot, mais j’ai vu qu’elle avait les yeux ruisselants.

   Eldan remarqua la moue de Mornar : un sentiment de nostalgie qu’il ne pouvait dissimuler. Sa trop profonde affection envers elle le trahissait depuis toujours.

   − C’est normal, elle perd ses deux meilleurs clients. Non sérieusement, elle t’appréciait… tu aurais dû lui dire…

   − À quoi bon, de toute manière, je ne la reverrai sûrement plus.

   − Peut-être, mais tu te sentirais plus léger à présent.

   − Si tu le dis…

   − Tu sais, continua Eldan, malgré les ragots et querelles, je sens que Hatteron va me manquer.

   − Moi pas.

   − Tu ne regrettes rien ?

   − Non. En fin, pas tout à fait, ma famille et mon foyer vont me provoquer un certain vide, que je comblerai d’une manière ou d’une autre, mais je ne regrette pas ma décision.

   Mornar était fils unique, tout comme Eldan, ce qui était rare à Hatteron, car les familles − nécessitant de la main-d’œuvre − étaient grandes. C’était peut-être aussi ce qui les avait liés d’amitié. Et celle de son ami était restée soudée, il côtoyait fréquemment ses grands-parents qui habitaient non loin de sa ferme, contrairement à Eldan qui les avait tous perdus.

   Pour revenir aux derniers incidents, le jeune homme lui exposa le problème qui lui prenait la tête depuis quelques jours :

   − Qu’est-ce qu’une épée pareille fichait dans une écurie ? Dans un village aussi perdu que Hatteron ?

   − Peut-être est-ce justement la réponse. Peut-être devait-elle rester cachée, et judicieusement à endroit où personne ne penserait la chercher.

   − C’est bien cela qui m’inquiète, poursuivit Eldan, anxieux. Nous transportons une arme que Rha-Zorak désire apparemment plus que tout. Et si elle était enterrée là justement pour échapper à son contrôle ?

   − On ne sait pas si l’intention venait de sa part. Il s’agissait peut-être simplement d’une épée que ce Huttlord avait cachée lui-même et cherchait à la récupérer.

   − Non. Il suivait des ordres, et je te rappelle qu’il ne savait pas qu’elle était enterrée. À mon avis, il s’agissait bien d’un ordre de Rha-Zorak.

   − Mais pourquoi ? On dit que même la mort n’a aucun effet sur lui, que ferait-il avec ? Elle pèse cinq cents kilos cette foutue épée !

   − Elle doit avoir de l’importance pour lui.

   – De l’importance peut-être, mais regarde déjà ce dont il est capable.

   − Sans parler de son armée qui devient… gigantesque.

   − Tu crois qu’il cherche à prendre le contrôle de Melinir ?

   − Et nous en serons sûrement les témoins.

   − Par la peau d’Ilirme, je n’espère pas. Sulfrat a rallié son ordre, non ?

   − En 2050, il y a quatre-vingts ans, oui.

   − Mais le reste de Melinir pourrait lui tenir tête.

   − En nombre, oui ! Mais aucune cité ne veut prendre le risque de créer une guerre ouverte contre lui.

   − Je me demande ce qui les retient de réunir leurs forces pour l’attaquer…

   − Les vois-tu envoyer une armée de trois cent mille hommes sur sa Forteresse alors qu’il peut les noyer dans une tempête de sable, ou je ne sais quoi d’autre ? Sans omettre les centaines de milliers d’Hommes, Huttlords et Hassamdaïs qui les attendraient encore !

   Mornar soupira. Il avait le sombre sentiment d’être mêlé à un engrenage qui allait bientôt se mettre en marche.