Melinir Tome 1 - Chapitre 33 - La voie de la puissance

Chapitre 33 – La voie de la puissance

Je prends forme en m’écoulant à travers le corps, parcourant les méandres de ses membres pour parvenir jusqu’à son poing. Je suis une impulsion. Je suis destruction.

Notes personnelles – Elzear Semenral
Melinir Tome 1 - Chapitre 33 - La voie de la puissance

   Eldan se coucha au soir avec un étrange sentiment d’euphorie, un sentiment que Mornar lui avait sûrement transmis. Il était heureux que son ami ait enfin eu le courage de dévoiler ses sentiments à Silève, même s’il avait dû parcourir tout Melinir et se retrouver dans la ville la plus éloignée de Hatteron, mais au moins il l’avait fait. Eldan se demanda si lui-même le ferait un jour avec Lalya, car il se souvint des nombreuses fois où il incitait son ami à lui révéler ce qu’il avait sur le cœur ; ironie du sort, aujourd’hui lui-même en était incapable.

   Toc ! Toc ! Toc !

   − Debout !

   Eldan ouvrit les yeux, regarda le plafond de sa chambre, puis les referma. Il aurait donné n’importe quoi pour dormir plus longtemps, mais Elzear n’accepterait pas, il le savait.

   Il s’assit à contrecœur sur le bord de son lit et enfila sa tenue d’entraînement − qui commençait d’ailleurs à se déchirer à quelques endroits – puis soupira en se sentant courbaturé et las ; cette journée allait être difficile.

   C’est à ce moment qu’il se souvint d’un détail capital, un objet très important, un objet qu’il avait totalement oublié et qui pouvait lui éviter de souffrir du matin au soir. Une fiole achetée à Aquira, la potion de Feu-Ardent ; un remède qui pourrait diminuer ses fatigues physiques et mentales. Il se hâta de la sortir de son sac et relut la notice : Ne pas utiliser fréquemment, peut provoquer de graves troubles du sommeil.

   Une petite gorgée était à prendre pour un effet garanti sur toute une journée et Haïdalir se laissa séduire par le liquide.

   Après un rapide petit-déjeuner, Eldan et Elzear s’attaquèrent à leur pratique quotidienne et le jeune homme sentait déjà ses courbatures se dissiper, comme s’il était tout à coup plus léger.

   Eldan dut courir une bonne heure avant d’entamer des exercices d’esquive dans un état d’essoufflement. Elzear l’introduisit à une nouvelle pratique qu’il nommait les frappes de l’ombre, qui consistait à combattre un adversaire imaginaire. Eldan apprécia ce type de travail qui offrait une grande liberté dans les mouvements ainsi qu’un bon développement de l’esprit d’initiative.

   L’exercice de lecture fut au rendez-vous en fin de matinée et Eldan se plaça à deux mètres de la feuille.

   − L’attention ne doit se porter sur un endroit fixe …

   Coup de pied au visage, évité.

   − La fine brise est une informatrice…

   Direct au visage, dévié.

   − Observe sans regarder. Ne réfléchis pas, ressens, aussi sensiblement qu’un roseau ploie sous le vent…

   Frappe dans le ventre, bloquée.

   − Les sens doivent réagir de manière immédiate. En parfaite cohérence avec leur environnement…

   Coup de pied circulaire, évité.

   − Rester neutre, lucide, pour ne pas se faire piéger par ce qui paraît, mais se focaliser sur ce qui est.

   Attention, la prochaine frappe est dans l’entrejambe…

   Eldan bloqua un coup en direction de la gorge.

   − Bien, tu réagis mieux. Ce que ta réflexion n’aura le temps de faire, tes réflexes feront.

   Frappe en direction de la mâchoire, bloquée.

   − C’est ta propre voix que tu écoutes, fais en sorte qu’elle devienne ton seul maître. Observe globalement, écoute, ressens, comprends, puis oublie.

   Un ultime coup surgit en direction du ventre qu’Eldan bloqua.

   Il lut les dernières phrases.

   L’homme qui ne prend pas conscience de son environnement est une proie facile. Perçois ce qui t’entoure sans douter, alors seulement tu verras au travers de tes adversaires.

   Il avait réussi.

   − Tu progresses, dit le maître en lui tapant sur l’épaule. Continuons.

   Eldan avait une énergie débordante et se donnait corps et âme dans chaque mouvement qu’il avait à exécuter ; décidément, il aurait dû goûter plus tôt à cette potion.

   Elzear l’invita à le suivre, et ils s’avancèrent auprès de trois sacs de frappes qui étaient suspendus à l’avant-toit de sa maison : le premier devait peser dix kilogrammes, le second trente et le troisième soixante ; d’après l’état de la toile qui les recouvrait, ils semblaient avoir subi des milliers de coups en tout genre.

   − Maintenant que tu maîtrises les frappes sous leurs formes primaires, il te faut apprendre à utiliser tout ton potentiel et donc la totalité de ton corps.

   Elzear se plaça face au sac le plus lourd en se plongeant dans une concentration manifeste, puis se mit en garde et sautilla d’une jambe à l’autre comme un danseur.

   Aussi foudroyant qu’une morsure de serpent, son poing droit percuta le sac dans un bruit sourd et l’envoya claquer au plafond après l’avoir littéralement plié en deux.

   − Connais-tu la différence entre la force et la puissance ? demanda Elzear qui s’avança gentiment vers Eldan.

   − Il y a la notion de vitesse qui est prise en compte par la puissance, répondit le jeune homme qui regardait le sac vaciller comme s’il venait de se faire percuter par un taureau en pleine course.

   − Exactement. Dans le domaine qui nous intéresse, la force est la capacité à déplacer un objet d’une certaine masse. La puissance consiste à déplacer ce même objet à une vitesse donnée. Donc, comme tu viens de le dire, la puissance dépend de la force et de la vitesse ; des muscles volumineux ne sont pas forcément synonymes de puissance.

   « La frappe est avant tout une impulsion déclenchée par le corps, et cette impulsion requiert une concentration que tu devras apprendre à développer. Une finesse dans le mouvement du début à la fin.

   − Tout en restant détendu ? fit Eldan qui voulait vérifier la justesse de son raisonnement.

   − Et contrairement aux apparences, acquiesça Elzear, une frappe puissante passe tout d’abord par un état de décontraction. Aucune crispation ou tension musculaire ne doivent freiner la voie du poing. Décharge ton énergie uniquement lors de l’impact.

   − Je vois, comme une flèche propulsée par l’élasticité d’un arc.

   − Imagine plutôt une vague. Qui prend sa source depuis le pied arrière, parcourant le corps, amplifiant sa vitesse par la rotation des hanches, suivant son chemin pour arriver jusqu’à l’épaule qui la transmettra au poing, touchant la cible à ce moment précis.

   − … d’accord…, dit Eldan qui se concentrait pour retenir toutes les étapes.

   Le maître lui adressa un signe de mains :

   − Maintenant, approche-toi et place-toi face au sac le plus léger.

   Eldan se positionna.

   − Direct du droit, ordonna Elzear.

   − Voilà, fit Eldan qui se remit en garde.

   − Utilise tes hanches. Répète ce coup cent fois, et quand ton épaule brûlera au point de ne plus savoir si tu arriveras à lever ton bras, frappe plus fort.

   Haïdalir acquiesça d’un signe de tête.

   − Expire avec la bouche lors de l’impact, tu gagneras en puissance, et inspire avec le nez lors de ton retour en garde.

   Eldan arriva à son cinquantième coup et son épaule commençait effectivement à chauffer, mais le Feu-Ardent lui offrait une forme à toute épreuve ; il continua sans faiblir.

   Par moment, il ressentait de légers picotements au bout des doigts, mais cette sensation restait très brève, et quand il finit enfin sa centième frappe, suant, il regarda sa main en éprouvant à nouveau la même sensation de fourmillement. Il n’avait jamais ressentit une telle d’énergie et avait l’impression que son sang bouillonnait à l’intérieur de ses poings, un saisissement qui n’avait rien à voir avec le Feu-Ardent.

   − Première manifestation de ton chi ? demanda le maître.

   − Pardon ?

   − Des picotements ? Une sensation étrange ?

   − Oui…

   − Alors tu travailles correctement.

   Eldan ne put s’empêcher de sourire intérieurement, car il ressentait le chi pour la première fois ; il percevait enfin cette énergie si mystérieuse.

   Après avoir savouré cet élancement de force et de maîtrise, il commença sa série avec le bras gauche, et après deux heures de frappes singulières, Elzear lui fit enchaîner différentes combinaisons :

   − Qui combats-tu ?

   − Parles-tu de l’adversaire que j’imagine ?

   − En quelque sorte. Je ne t’offre aucune réponse, je t’incite simplement à la réflexion.

   − C’est fait…

   − Qui est-il ?

   − Un Huttlord.

   Elzear acquiesça simplement d’un signe de tête et Eldan ne put savoir si sa réponse lui avait plu ou pas.

   − Quand apprendrai-je à manier correctement une épée ? demanda-t-il.

   − Une arme n’est que le prolongement du corps, et si ton corps ne répond pas au moindre de tes ordres, une épée ne te sert à rien.

   − Mais je dois impérativement apprendre à manipuler Zaor

   − Fais-moi confiance, le corps passe avant les armes.

   La journée fut peut-être plus fatigante que les autres, mais se déroula plus rapidement, et Eldan se félicita d’avoir goutté à cette potion qui ne lui avait jusqu’à maintenant pas fait défaut, car il ne savait pas comment il aurait tenu dans le cas contraire ; ce n’était qu’arrivé en début de soirée qu’il se sentît réellement épuisé.

   Après avoir rejoint Mornar et Lalya pour une petite ballade, l’archer leur proposa de sortir à Sulleda le soir suivant, car il voulait y retrouver Etimer ; Eldan et Lalya acceptèrent sans se poser de questions.

   Le lendemain arriva avec une nouvelle et longue gorgée de Feu-Ardent qu’Eldan ne se priva pas de boire avant d’aller prendre son petit-déjeuner, cette potion l’avait tant aidée la veille qu’il s’en voulait de ne pas y avoir pensé plus tôt.

   Comme les autres jours, Haïdalir termina ses exercices en fin d’après-midi en songeant avec satisfaction qu’il aurait le loisir de s’octroyer un peu de temps pour lui, car Elzear lui avait accordé sa journée de libre et il s’impatientait de sortir à Sulleda.

   Il se lava soigneusement et nettoya ses habits qui étaient encore usés et salis par son voyage à travers Melinir.

   Une heure plus tard, ils se mirent en marche direction Sulleda où le crépuscule tombait sur la ville… qui commençait à résonner de chants, de fêtes et de bagarres.

   Après être passés devant quelques établissements, ils arrivèrent enfin Chez Limouze et Mornar entra le premier, découvrant quelqu’un qui lui rappela de bons souvenirs.

   − Kaiv ! s’écria-t-il.

   Il se retourna et les vit entrer.

   − Salut les champions ! fit-il d’un signe de main.

   − Eldan s’installa à ses côtés.

   − Comment ça va ? demanda le jeune homme.

   − Comme le soir où nous nous sommes rencontrés. Tiens, j’en ai une bonne.

   Les trois amis le regardèrent avec un petit sourire, se préparant au pire.

   − Quel est le point commun entre une femme et une grenouille ?

   Ils haussèrent les épaules et Kaiv se frotta les mains, semblant déjà apprécier sa réponse.

   − Elles ont les deux la gueule ouverte, les cuisses écartées et le cul mouillé !

   Mornar pouffa de rire tandis que Lalya ne paraissait pas avoir grandement apprécié.

   − Je vois que tu n’as pas changé, dit-elle en secouant la tête.

   Kaiv finit son verre puis ajouta :

   − Bon, chers amis, je dois vous laisser. Je vais retrouver une dame, veuillez m’excuser.

   À ce moment, Limouze arriva.

   − Madame, messieurs, dit-il. J’ai reçu aujourd’hui une nouvelle cervoise qu’il vous faut goûter.

   − Parfait, dit Eldan. Alors, sers-nous en trois !

   − Encore un verre d’eau pour moi, merci, ajouta Lalya.

   − Tout de suite.

   Le tavernier déposa les cervoises après avoir fait siffler un fut d’une couleur orangée. Eldan prit sa chope en remarquant que le liquide était plus lourd, puis goûta et apprécia l’arôme qui lui revint en bouche, c’était épais, mousseux et sucré ; un dosage particulièrement bien réussi.

   Le jeune homme posa sa chope lorsqu’il entendit Mornar crier.

   − Saleté de… !

   − On dirait qu’il n’y a plus seulement les femmes et les grenouilles qui ont le cul mouillé.

   Apparemment, Lalya venait de vider son verre d’eau dans le dos du malheureux.

   Peu après que Mornar ait réussi à grossièrement se sécher, un homme entra puis se dirigea vers l’archer avant de lui serrer chaleureusement la main.

   L’homme en question devait avoir la trentaine, avec des cheveux noirs, légèrement grisonnants et un regard marron teinté de vert émeraude. Il semblait assez fin, énergique, et portait un long manteau ainsi qu’une braie gris cendré plaquante ; Eldan était sûr de l’avoir déjà vu quelque part, un sentiment qui malheureusement ne lui inspirait aucune confiance.

   Un pressentiment qui se transforma non longtemps plus tard en souvenir concret, un souvenir qu’il avait vite effacé de sa mémoire au profit d’incidents plus graves. Etimer était l’homme mystérieux qui l’avait épié devant le Conseil d’Aquira lorsqu’il attendait Merino, sûrement rien d’inquiétant, mais rien de rassurant non plus.

   − Etimer Adilaq ?! s’écria Lalya.

   − C’est le nom que mes parents m’ont donné, oui.

   − Le vainqueur des cinq Bâtons d’Or, je n’y crois pas. Je suis ravie de faire votre connaissance.

   − Et moi donc, dit-il. Je ne pensais pas faire une si charmante rencontre ce soir…

   Lalya ne put s’empêcher de rougir.

   Il salua finalement Eldan sans lui accorder beaucoup d’attention − ce qui ne lui déplut pas pour autant −, puis commanda une cervoise et aussitôt servi, but une grande rasade.

   − Je suis armurier, je tiens les Lames Saillantes à Aquira, leur expliqua-t-il entre deux gorgées, et suis propriétaire d’une autre ici même, à Sulleda. Je viens une fois par année pour vérifier son bon déroulement.

   « Vous, qu’êtes-vous venus faire dans la plus belle cité de Melinir ?

   Eldan prit la parole pour lui expliquer qu’ils étaient venus séjourner quelques mois chez son frère qui avait quitté Aquira quelques années auparavant. Le jeune homme espérait que son mensonge ne lui paraisse pas trop bidon, mais Etimer ne s’étendit pas sur le sujet.

   − Juste une question qui peut paraître stupide, les interrompit Mornar, mais un Bâton d’Or, c’est quoi ?

   Si Eldan avait eu des lames à la place des yeux, Mornar aurait fini éventré, car en ignorant une compétition d’une telle ampleur, il venait ouvertement de lui dévoiler qu’il n’habitait pas Aquira. Son ami, qui était spécialisé dans ce genre de bourde, venait non seulement de lui faire comprendre qu’ils ne venaient pas de la capitale du Nord, mais qu’ils étaient aussi originaires d’un village bien reculé ; car ils avaient tous deux le même accent, contrairement à Lalya qui possédait un dialecte plus éloquent.

   − Le plus grand tournoi d’escrime d’Aquira, lui expliqua Lalya. Il est organisé tous les deux ans, et nous avons devant nous le vainqueur des cinq dernières éditions ! Et sûrement le meilleur bretteur de Melinir.

   − Impressionnant, dit Mornar.

   Ils conversèrent quelques minutes sur le tournoi et les exploits accomplis par le nouveau venu. Eldan, malgré ses réticences ne put s’empêcher de le questionner à ce propos, car c’était un sujet qui l’intéressait ; il souhaitait savoir qui il avait affronté et comment il avait gagné ses plus durs combats.

   Lalya interrompit leur discussion pour lui poser le même genre de questions, visiblement encore plus intriguée que lui, ce qui ne plus pas à Eldan qui vit instantanément une lueur d’admiration, voire d’affection briller dans son regard.

   Etimer posa une main sur l’épaule de la jeune femme pour lui glisser quelques mots à l’oreille, laquelle lui rendit un sourire radieux. Eldan voyait très bien à quel jeu jouait Etimer, et son attitude lui donna envie de lui coller ses cinq phalanges dans la mâchoire. Il se resaisit en comprenant que la jalousie avait sa part de responsabilité, et que de toute manière, Etimer le réduirait certainement en bouillie avant qu’il n’ait pu le toucher ; il se sentait inférieur, dépassé et curieusement en insécurité.

   Eldan discuta avec Mornar pendant une bonne demi-heure, en jetant de fréquents coups d’œil sur Etimer et Lalya qui conversaient avec enthousiasme.

   Après un nouveau verre, Etimer se racla la gorge :

   − Je connais bien la ville, si vous avez besoin de moi, n’hésitez pas. Vous me trouverez à l’armurerie du Grand Bouclier, s’il vous faut une arme, mon établissement vous accueillera avec plaisir.

   Le gris argent qui par moment venait se mêler à son regard marron et émeraude lui donnait un air sérieux et résigné.

   − C’est gentil, mais nous n’avons pas besoin d’armes pour l’instant, réfuta Eldan.

   − Ouais, je vois que tu portes une épée qui a l’air… bien affûtée.

   − Cadeau de mon père, il est forgeron.

   − Un sacré forgeron alors.

   À nouveau, Etimer ne se posa plus de questions à ce propos, ce qui ne le rassura que temporairement.

   Ils restèrent Chez Limouze durant deux bonnes heures où ils passèrent un agréable moment. Comme d’habitude, Mornar ne s’était pas privé de commander quatre autres chopes, contrairement à Eldan qui devait maintenant contrôler sa consommation, et qui en plus de ça, était bien trop jaloux pour profiter pleinement de la seule soirée de libre qu’il avait par semaine.

   Etimer se montra sympathique, courtois, et par-dessus tout, ne dissimulait pas son attirance envers Lalya, contrairement à Eldan qui n’arrivait pas à laisser ressortir ça. Il se retint donc d’étaler son irritation et conserva sa méfiance tel un couteau caché dans le dos, à l’inverse de Mornar et de Lalya qui se montraient bien trop enthousiastes à son goût.

   Enfin, ils quittèrent la taverne et Etimer leur souhaita bonne nuit, puis se retourna avant de s’en aller d’un pas décidé.

   Etimer marchait à grandes foulées, légitimement satisfait, car il venait de retrouver Haïdalir. Le Pillard avait ressenti les soupçons d’Eldan comme s’il les lui avait ouvertement exposés, ce qui n’allait pas l’aider.

   Cette fois, pas question de contacter ces stupides Huttlords, qui étaient des traqueurs exceptionnels, mais qui avaient le défaut de ne pas être très malins. Il voulait récupérer l’arme à lui seul et rêvait de rapporter les faits à l’Éternel, pour lui dire que Zaor était en sa possession et que Haïdalir était mort… Cela prendrait du temps, mais il y arriverait.

   Il eut tout de même un pincement au cœur en se remémorant la beauté, la douceur et l’amabilité de Lalya, aussi sublime qu’attachante. Car il devrait se servir d’elle pour parvenir à ses fins, ce qui le fit culpabiliser malgré le fait qu’il se forçait à l’écarter de ses pensées ; il serra les dents et grogna en se concentrant sur sa tâche.

   Il devait oublier ce sentiment.

   Il devait récupérer cette maudite épée.