Livre des Ombres : Livre conçu par les Huttlords dans le but d’obtenir une communication instantanée entre les différents gradés et soldats. Sa création et son utilisation remontent au millénaire précédent. Les secrets de sa conception ont toujours été précieusement conservés au sein de leur communauté.
Sorcellerie – Encyclopédie du Savoir d’Aquira
Deux livres vierges sont liés ; ce qui est écrit dans un est simultanément transcrit dans l’autre, de sorte que les deux ouvrages ne forment qu’un.
C’est à ce jour l’outil de communication le plus efficace et le plus rapide existant sur Melinir.

Deux jours passèrent et le moral du jeune homme n’avait pas réussi à prendre une tournure plus positive, mais était resté claustré dans une partie bien sombre de ses pensées. Eldan avait malgré tout impliqué tout son potentiel créatif, physique et psychologique dans son développement personnel. Il commençait à ressentir beaucoup de notions que le maître lui avait enseignées, comme celle du combat, qui était essentiellement interne – comme lui avait expliqué Elzear lors du premier jour d’entraînement d’Eldan.
Son œil avait désenflé et avait maintenant viré au bleu violet. Aména ne lui avait pas posé de question à ce propos ; et c’était d’ailleurs la seule. Une nouvelle manifestation de son sens prononcé du respect et de l’empathie.
Et pour couronner le tout, son lien d’amitié avec Lalya ne s’était pas amélioré. Il avait même régressé, trouvait-il. Contrairement à celui qu’il entretenait avec Mornar, avec qui il avait toujours eu l’habitude de se dire les choses en face, que ça leur plaise ou non.
…
Eldan et Elzear étaient assis en tailleur derrière la maison et discutaient calmement du voyage retour que le jeune homme aurait bientôt à effectuer. La journée commençait.
Encore une chaude matinée.
− Je voudrais t’offrir quelque chose, dit le maître, qui j’espère te servira.
Il se releva et prit deux livres de couverture ébène posés sur une table accolée au mur de la maison. Le jeune homme les ouvrit et remarqua qu’il n’y avait rien d’écrit, que des pages vierges ; le second était identique.
− Pourquoi sont-ils vides ? demanda Eldan.
− L’un des deux deviendra ton carnet d’entraînement. Tu pourras y inscrire toutes tes pensées et réflexions. L’autre sera un lien entre nous deux.
− Un lien ? s’étonna Eldan.
− Oui. Sous certaines conditions. Je possède moi-même un carnet d’entraînement, et il existe un moyen de lier le mien au tien.
− Comme le Livre des Ombres ?
− C’est précisément un Livre des Ombres que nous allons créer. Les Huttlords n’ont jamais divulgué leur savoir à quiconque.
− Sauf à toi ?
− J’ai une fois surpris une de leurs discussions. Ils sont peut-être dangereux, mais crois-moi, ils font parfois preuve d’un manque d’intelligence désolant. Ils débattaient sur sa conception, tu penses donc bien que j’ai soigneusement pris le temps nécessaire pour les écouter. C’était à Horp.
− Tu es tombé sur eux alors qu’ils débattaient de ça ? Comment as-tu fait ?
− J’étais caché derrière l’angle d’une taverne. Un simple coup de chance.
− D’accord, reprit Eldan en comprenant qu’il n’aurait pas plus d’informations à ce sujet ; et comment peut-on en créer ?
− Il nous faut une pierre d’encre pour lier les deux ouvrages.
− Une pierre d’encre ? Jamais entendu parler.
− C’est une roche très rare, qui se trouve essentiellement dans des grottes. L’une d’elles se situe au désert Bruet, donc sous la main des Huttlords.
« Par un procédé qui m’est totalement inconnu, ils réussissent à la briser pour en extraire des morceaux, d’où ils arrivent à créer leur Livre des Ombres.
« J’ai lu, il y a quelque temps, qu’une même grotte se situait sous l’île. Cependant, la seule voie d’accès est sous l’océan et le couloir sous-marin est relativement long.
− Pourquoi n’as-tu pas récupéré ce qu’il te fallait ?
− La roche ne cède à rien. J’ai tout essayé, mais rien à faire, pas moyen de la briser.
− Zaor…
− Tu vois où je veux en venir. Le seul problème est que je doute que tu tiennes en apnée assez longtemps pour atteindre l’entrée.
− Je possède une potion de Masque d’Air.
− Très bien, une gorgée pour une heure de respiration, c’est bien ça ?
− Exactement. Je l’ai acheté à Aquira, avec le Feu-Ardent.
Elzear sourit, satisfait :
− Dans ce cas, nous posséderons bientôt notre Livre des Ombres.
Eldan acquiesça d’un signe de tête, car le fait de rester en contact avec Elzear le rassurait.
− Quand veux-tu y aller ? demanda le maître.
− Maintenant.
− Alors soit. Dans dix minutes devant la maison.
Eldan se releva, se précipita à l’intérieur et en profita pour changer de tenue. Il retrouva Elzear à l’endroit convenu et ils se mirent en route vers l’est.
− La grotte est à deux heures de marche, dit Elzear.
Eldan prit le temps d’observer l’environnement en longeant la côte. Les vagues déferlant sur le rivage offraient un magnifique spectacle, un calme apaisant qui leur insufflait de garder le silence.
Après avoir longuement savouré la tranquillité que leur avait offerte la marche, ils se rapprochèrent pour converser.
− Elle t’aime beaucoup, dit Elzear.
− Pardon ?
− Lalya. Elle t’aime beaucoup. J’ignore ce qui s’est passé, mais tu devrais te réconcilier avec elle.
Eldan le regarda avec de grands yeux ; comment savait-il cela ?
− Mornar t’en a parlé ?
− Mornar ne m’a rien dit du tout. Le regard est une source d’informations bien plus éloquente que les mots, vos différends ne me concernent pas, mais tu as intérêt à franchir le gouffre qui s’est installé entre vous. Car, pour la suite du voyage vous devrez être unis, ne laissez pas vos sentiments interférer dans votre tâche.
− J’y ai déjà beaucoup pensé, mais je ne sais pas quoi faire. C’est étrange, j’ai toujours été à l’aise avec mes précédentes amies, mais avec elle, c’est différent.
− Je comprends très bien ce que tu veux dire… Cesse d’y penser, va simplement vers elle et parle-lui.
− Je sais, mais je crois que je n’arrive pas à réunir assez de courage pour lui faire face…
− Tu as tué un Huttlord à la seule force de tes bras, tu t’es jeté sans réfléchir contre dix Barbares, tu as vaincu un Strandale… et aujourd’hui tu as peur de Lalya ?
Ils marchèrent une bonne heure avant d’arriver enfin à l’endroit désiré, où des vagues venaient se briser contre les rochers qui dépassaient des flots.
− Regarde, la grotte est visible depuis ici. Nous sommes au-dessus.
En effet, le sol regorgeait de fentes divulguant l’existence d’une cavité souterraine, mais aucune ne permettait de s’y engouffrer, à l’exception de quelques rayons du soleil.
Le maître s’approcha de la côte.
− Il te faudra plonger d’ici. L’accès se situe entre ces deux récifs. Mais reste sur tes gardes une fois à l’intérieur, il y a des créatures… étranges.
Eldan acquiesça d’un signe de tête puis s’avança près du massif, descendit avec prudence sur le plus gros rocher et sauta sur le suivant. Il monta sur un troisième et s’arrêta. L’endroit était idéal pour plonger, il n’y avait qu’un mètre d’exhaussement.
Le jeune homme se souvint des nombreuses fois où il s’était baigné dans le Märi-Cärimar. Il remarqua qu’il n’avait jamais nagé en mer, mais cela ne devait pas être très différent. Il vérifia encore une fois la présence de Zaor et contrôla que la fiole était bien en place ; il en but une gorgée et la remit au fond de sa poche.
Une sensation de nausée vint immédiatement s’emparer de lui. Très spéciale, comme une vapeur pondéreuse qui se condensait dans son estomac.
Il regarda la mer et analysa chacune de ses vagues. Elle était douce, mais dégageait une incroyable puissance, dissimulant au travers son calme et sa légèreté une force colossale.
Il plongea puis retint longuement sa respiration avant d’expirer et d’inspirer avec appréhension. Il ouvrit la bouche comme l’aurait fait un poisson… pour avaler à son plus grand étonnement un concentré d’oxygène.
Il nageait difficilement, car son environnement devenait de plus en plus flou et sombre, il avança donc lentement jusqu’à la rive et tâta la paroi rocheuse pour tenter d’y détecter une entrée.
Après être descendu encore plus profondément, il sentit ses tympans siffler. Tandis qu’il continuait de palper la paroi, sa main s’insinua enfin dans une ouverture. Il passa l’autre bras pour estimer la largeur du couloir, qui après analyse, devait être l’entrée dont lui parlait Elzear.
Il s’y engouffra et nagea le long d’un petit tunnel pour pénétrer dans une cavité où il vit de la lumière.
La surface approchait.
Il nagea jusqu’à sortir la tête de l’eau et gagna le bord pour s’extraire du bassin ; il faisait nettement plus froid maintenant qu’il était à l’air libre.
− Tu y es, dit Elzear qui se situait juste au dessus de lui. La roche est au fond, tu ne peux pas la rater, elle est noire comme du charbon.
Sa voix s’était infiltrée à travers les minuscules ouvertures qui s’étendaient entre la cavité et le sol sur lequel il se tenait. Étrangement, la grotte était bien éclairée, malgré le peu de lumière qui y pénétrait.
Des gouttes d’eau tombaient dans un rythme régulier pour se coupler avec le bruit de ses pas qui résonnait.
Le jeune homme, sentant une présence hostile jeta de nombreux coups d’oeil aux environs, sachant traverser la demeure de créatures dont il allait bientôt faire connaissance. Soudainement, il entendit un glissement étrange qui fit visiblement dégringoler quelques pierres non loin, un signalement lui indiquant qu’il était temps de dégainer Zaor.
Un son rocailleux s’échappa de l’ombre pour résonner sur la roche. Eldan était maintenant sûr d’avoir affaire à un animal peu commode ; ce croassement, ou plutôt ce grognement se rapprocha gentiment, plongeant le jeune homme dans une vacuité émotionnelle qui pouvait se transformer en une redoutable réactivité.
Il s’enfonça dans la galerie puis arriva dans un couloir plus étroit. Il regarda en arrière pour voir si la créature le suivait, mais elle ne donna plus signe de vie. Pataugeant dans l’eau, il continua d’avancer jusque dans une anfractuosité nettement plus grande, où de nombreuses fentes laissaient entrer les rayons du soleil, éclairant la cavité.
Eldan fut encore une fois alerté par un nouveau croassement – la créature l’avait finalement suivi et ne semblait pas apprécier sa présence. Il se retourna rapidement en scrutant alentour, puis vit une ombre bouger au loin.
Son cœur se mit marteler lorsqu’il vit l’étrange silhouette s’approcher de lui dans l’obscurité. Il se concentra sur sa respiration et se calma pour retrouver sa lucidité.
Tout étincelait dans cette grotte maritime, à coup sûr un spectacle qu’il n’aurait jamais pensé contemplée dans sa vie, il se croyait dans un rêve qu’il sillonnait à moitié éveillé.
Il vit une paroi noire tout au fond de la galerie, une roche compacte, solide et brillante ; sans aucun doute la pierre d’encre.
Un bruit de pas retentit derrière lui.
Il pivota sur sa jambe droite dans un contrôle parfait et fit face à la créature qui venait d’apparaître à la lumière ; elle devait faire son poids et environ sa taille, mais elle était rachitique et recroquevillée à quatre pattes.
Croac !
La dernière fois qu’Eldan avait vue une telle monstruosité, c’était le jour où Elzear avait énuqué les deux Huttlords… et l’animal qui lui faisait face était encore plus hideux que les deux traqueurs du désert. Il ressemblait à un singe imberbe et difforme pourvu d’une peau de reptile, avec des canines qui dépassaient très largement de sa mâchoire, et une coulée de bave jaune qui venait lécher le sol.
La créature montra les dents pour intimider le jeune homme qui ne broncha pas pour autant, concentré et prêt à faire face au reptile qui s’approchait en présentant des signes manifestes d’agressivité.
D’un geste vif, il pointa Zaor à quelques centimètres de son visage, mais étrangement, l’intimidation ne fonctionna pas, et provoqua une réaction encore plus belliqueuse ; l’animal grogna férocement.
Eldan comprit en observant ses yeux pourquoi la lame ne l’effrayait pas ; une fine membrane recouvrait son globe oculaire. Il ne voyait sûrement pas, ou ne percevait pas les choses de la même manière.
Soudainement, il bondit sur Eldan qui esquiva aisément l’attaque d’un pas latéral. Réajustant sa position, il retrouva un équilibre parfait, Zaor ne quittant pas la tête du monstre qui humait l’air pour se réorienter face à Haïdalir.
Il bondit une deuxième fois plus vélocement.
Cette fois plus question de l’éviter, Eldan devait lui aussi passer à l’offensive ; il sortit de l’axe et abattit le tranchant de son arme sur sa nuque.
Il aurait préféré l’épargner, mais il n’avait pas eu le choix. Conservant une position de combat, il garda sa lame inclinée vers le bas pour y faire couler le sang. Il observa le corps s’écrouler comme un pantin désarticulé et la tête rouler quelques mètres au loin ; tout en continuant à scruter les alentours d’un œil aiguisé.
À présent, il était seul.
Il avança lentement vers la paroi et découpa un morceau de roche aussi facilement que dans du beurre. Sans attendre, il se redirigea vers la sortie, espérant ne pas tomber nez à nez avec une autre de ces créatures ; il se réjouissait de retrouver la terre ferme, car cette grotte sous-marine lui donnait des frissons dans le dos.
Il but donc une gorgée de Masque d’Air et plongea.
− Excellent, dit le maître en contemplant la pierre d’encre dans la main d’Eldan. Allons fabriquer notre Livre des Ombres.
…
Ils se tenaient derrière la maison. Là, Elzear s’approcha de la table où étaient disposés les deux ouvrages. Il prit celui qui semblait être le plus vieux et l’ouvrit ; le livre était rempli de notes personnelles, de textes et de schémas qu’il avait dessinés à la main.
− Il reste encore assez de pages blanches pour nos conversations futures, dit-il.
Il le posa sur la table, puis prit le second, qui allait devenir son jumeau. À sa différence, celui-ci était totalement vide.
Il plaça le livre d’Eldan sur le sien et appliqua la pierre d’encre sur la couverture ; aussitôt, elle se mit à briller et à dégager une douce chaleur.
− Bien, dit Elzear. Il faut maintenant attendre un jour entier pour que le processus se termine. Et si ma réflexion est fondée, le tien sera non seulement lié au mien, mais contiendra aussi toutes mes notes et mes enseignements.
Ils prirent soin de placer les ouvrages à l’abri sous un avant-toit à proximité des sacs de frappe.
Eldan retrouva ses deux amis avant le repas et leur expliqua son excursion dans la grotte maritime afin d’obtenir la pierre d’encre. Mornar se montra bien évidemment sceptique et lui demanda à voir la roche, Eldan les invita donc à l’arrière de la maison où la sorcellerie opérait sur les deux ouvrages.
− Fascinant…, dit Lalya en observant les rayons lumineux envelopper les livres.
Malgré l’enthousiasme dont faisait part Mornar, Eldan remarqua qu’il n’avait pas le moral, une expression qui était rare de voir apparaître sur son visage.
− Qu’y a-t-il ? demanda le jeune homme.
− Silève repart demain pour Hatteron, et…
− Ne t’en fais pas, le rassura Eldan. Tu la reverras.
− Je l’espère.
L’archer respira un bon coup, puis opta pour une attitude plus positive, une faculté qu’Eldan admirait, car Mornar ne laissait jamais un quelconque mauvais sentiment prendre le dessus sur sa bonne humeur.
Le sourire retrouvé, il regarda Haïdalir et lui murmura :
− D’ailleurs, je crois que tu as quelque chose à rétablir avec Lalya.
Il lui tapa sur l’épaule, puis ajouta à haute voix :
− Il faut que j’aille négocier avec Aména la recette de son lapin aux champignons… je la ferai craquer.
En partant, il jeta un regard en direction d’Eldan, en guise d’encouragement.
Mal à l’aise, Lalya se retourna :
− Je devrais aller les…
− Attends, l’interrompit Eldan. Nous devrions parler.
Lalya lui sourit maladroitement, puis ajouta :
− Oui… je crois que tu as raison.
Le jeune homme réfléchit quelques instants et se lança :
− Excuse-moi d’avoir mal réagi l’autre jour. Je vais être honnête envers toi, j’ai du mal à mettre de côté les sentiments que j’ai pour toi. Et… lorsque nous nous sommes embrassés, j’ai cru que notre relation pourrait évoluer, et tout s’est brisé lorsque tu m’as dit ne pas vouloir aller plus loin.
« Mais, je pense que tu as tout de même raison, nous devrions rester de simples amis. Renverser Rha-Zorak est notre seule priorité.
La jeune femme lui offrit un regard tendre et chaleureux qui lui ôta une partie de la douleur qu’il avait dans la poitrine.
− Merci Eldan. Tu es vraiment quelqu’un de bien… je suis contente de t’avoir rencontré chez Merino. Je m’excuse aussi pour mon attitude…
« Comme tu l’as dit, nous devons rester les trois unis, une telle relation serait source de conflit… alors, restons de simples et bons amis.
Elle s’avança lentement et le serra dans ses bras. Eldan respira avec soulagement son parfum de lavande, puis déposa délicatement ses mains dans son dos, enlaçant avec un mélange de joie et de tristesse celle qu’il aimait.
L’étreinte se termina et ils échangèrent un regard complice. Eldan comprit au travers son attitude qu’elle avait manifestement de l’affection à son égard… mais éprouvait-elle un sentiment aussi fort que le sien ? Une question à laquelle il ne savait pas répondre.
Ce fut avec le sourire qu’ils s’assirent aux côtés de Mornar, Elzear et Aména pour déguster les pommes de terre rissolées, la viande blanche et les haricots aux oignons qui avaient été joliment disposés sur deux plateaux. Le maître lui adressa un sourire, venant évidemment de remarquer que le jeune homme avait franchi le gouffre qui s’était creusé entre lui et Lalya.
Eldan passa une heureuse soirée, malgré des souvenirs noirs qui ne cessaient de venir le hanter. Visiblement, il lui était impossible à digérer cette débauche de stupidité qu’il avait manifestée à Sulleda, car son estime personnelle en avait pris un coup ; il devait y remédier d’un moyen ou d’un autre, mais il ignorait encore comment.
Malgré ses pensées obscures, une autre blessure venait de cicatriser : sa relation avec Lalya. Il était heureux d’avoir trouvé un terrain d’entente avec elle. Même s’il restait quelque peu déçu du dénouement.
…
− Debout ! dit Elzear.
Eldan ouvrit les yeux.
Motivé, il enfila sa tenue de combat, puis retrouva le maître derrière la maison, lequel contemplait les livres − qui d’après l’inactivité de la pierre d’encre − devaient avoir terminé leur processus de liaison.
Elzear ôta la roche, saisit le livre d’Eldan, puis l’ouvrit :
− Tous mes écrits sont à l’intérieur, il est à toi maintenant.
− Merci, fit Eldan en prenant l’ouvrage dans les mains.
− Ouvre-le à la dernière page d’écriture, les deux derniers tiers sont encore vierges.
Eldan s’exécuta.
Elzear prit un crayon et inscrit un long trait dans son carnet – à la suite du contenu déjà présent.
− Observe bien le tien.
Eldan fixa attentivement son ouvrage et vit apparaître l’inscription d’Elzear instantanément après que le maître ait levé la mine de son carnet.
− Ça fonctionne ! lança le jeune homme.
− Bien… très bien. Nous venons de créer l’outil de communication le plus rapide qui existe sur Melinir.
L’entraînement débuta ensuite.
Eldan pratiqua chaque exercice avec assiduité… mais quelque chose le dérangeait, le rendait perpétuellement inassouvi. Même si Elzear lui indiquait qu’il s’exerçait juste, une pensée lui revenait en tête, en permanence, un sentiment de rejet, d’insatisfaction personnelle.
Il termina sa pratique, inapaisé.
Fatigué, mentalement.