Melinir Tome 1 - Chapitre 13 - Lalya

Chapitre 13 – Lalya

Le 18 avril 2132, un jeune homme nommé Eldan Errendel est venu me demander pourquoi il était le seul à pouvoir porter son épée. Le Don des Maîtres, il l’avait en lui et attaché à sa ceinture. Ce fut le jour le plus important de ma vie.

Mémoires – Merino Dubir, Membre du Conseil d’Aquira
Melinir Tome 1 - Chapitre 13 - Lalya

   Merino lui offrit un signe de tête qu’Eldan prit pour de la satisfaction. Après avoir fixé les bâtons au mur, il s’assit quelques instants pour souffler. Le maître d’armes entra dans le musée et tourna sur la gauche, l’invitant à le suivre d’un signe de main, puis continua le long d’un couloir avant de franchir la porte de sa maison.

   − Entre, ne te gêne pas !

   Ainsi, sa maison était directement reliée au musée, constata-t-il. Une salle à manger se trouvait sur la gauche, alors qu’en face se dressait un salon en demi-cercle, et au coin était installée une cheminée en marbre. Son appartement était relativement petit. Le jeune homme remarqua grand nombre de statuettes de guerriers, dont une représentait Alheam Nithril. À côté de la cheminée était dressé le portrait d’une femme mûre et souriante, finement dessiné au fusain.

   Merino lui indiqua la porte menant à sa salle de bain. Ce dernier ne se fit pas attendre pour nettoyer la sueur qui le recouvrait, en plongeant plusieurs fois sa lingette dans l’eau tiède pour s’éponger la totalité du corps.

   Une fois propre, il sentit une curieuse sensation de fatigue s’installer dans ses muscles, mais ce n’était pas une fatigue ordinaire, elle était apaisante, satisfaisante. Le travail à la forge lui laissait souvent des courbatures, mais là, c’était différent, c’était comme si une flamme s’attisait au fond de lui et lui donnait un nouveau souffle d’énergie.

   Eldan rejoignit le maître d’armes qui l’attendait à une table.

   − Ton ami t’accompagnera probablement durant ton entreprise ? demanda Merino.

   − Je pense qu’il sera très difficile de le persuader du contraire ; et ça ne me dérange pas, je lui dois la vie.

   − Une grande amitié sera profitable à des inconnus en guise de garde du corps, mais il serait préférable qu’il apprenne lui aussi quelques notions de base.

   − Il est très doué au tir à l’arc et deviendrait un excellent archer, j’en suis convaincu, mais le prix des cours lui est inaccessible.

   − Je fais partie du Conseil d’Aquira, je peux aisément lui fournir une dérogation pour l’École d’Archerie.

   − Vous voulez dire que… vous êtes membre du Conseil ?

   – Tu me prends pour un menteur ? ajouta Merino avec une pointe d’amusement.

   – Non, c’est juste que… je ne le savais pas… mais oui, il acceptera avec joie.

   Eldan ignorait que sa fonction était d’une si haute importance.

   Merino Dubir prit un parchemin, saisit une grande plume et trempa la pointe dans l’encrier. Il écrivit quelques lignes pour éclaircir la situation, restant silencieux au sujet de Zaor, puis expliqua que le Conseil d’Aquira se chargerait du paiement des cours et puiserait dans les caisses du département militaire. Il imbiba finalement sa bague dans l’encrier et appliqua son sceau pour signer la feuille.

   − Tu donneras cette lettre à ton ami, tant qu’il sera ici, il pourra suivre les cours comme bon lui semble.

   − Merci infiniment.

   Il prit la dérogation et souhaita une bonne journée à son professeur, puis s’en alla.

   Il faisait bientôt nuit quand il arriva au Trappeur. Mornar, accoudé au bar buvait une cervoise et semblait déjà bien imbibé, il discutait avec l’aubergiste en gesticulant dans tous les sens. Il s’installa à ses côtés et commanda lui aussi une chope, un petit moment de détente ne lui ferait pas de mal. Il lui raconta sa journée dans les moindres détails, lui expliquant le but de leur nouvelle tâche : trouver un autre Haïdalir. Il lui décrit aussi le déroulement de son premier entraînement avec le maître d’armes.

   − Tu as fait le bon choix. Tu nous imagines, nous, face à Rha-Zorak, fit son ami en secouant la tête. J’aurais été obligé de t’accompagner, pour éviter qu’un Pillard ne t’écrase la tronche à coups de poing, si tu vois ce que je veux dire.

   − Ce n’est pas tout, continua le jeune homme. Merino fait partie du Conseil d’Aquira et…

   − Du Conseil d’Aquira ?! l’interrompit Mornar. Je croyais que c’était un simple historien.

   − Et je lui ai dit que tu serais un excellent archer. Tu commences demain matin.

   − Tu as vu le prix des cours ? Impossible.

   Eldan sortit la dérogation et la posa devant lui. Mornar la lut avec stupéfaction.

   Un grand sourire apparut sur son visage.

   − Génial…, dit-il simplement.

   Il saisit son pot et le leva en direction d’Eldan.

   − Trinquons… à notre futur voyage, bien qu’il ne faille pas forcément s’en réjouir… et à notre courte formation !

   Eldan leva à son tour sa chope et les deux jeunes hommes firent santé d’un nouvel entrain.

   − Je vois que tu n’en es pas à ta première ! remarqua Eldan.

   − Bien vu. Heureusement que tu m’as trouvé de quoi remplir mes journées, car je serais bien vite devenu le pilier principal du Trappeur !

   Le tavernier s’égosilla en écoutant Mornar, et se joint aussitôt à ses deux clients.

   Après quelques mots, Eldan fit sa connaissance : un grand homme au teint grisonnant qui se prénommait Samon.

   Deux pots vinrent s’ajouter à leur consommation avant le repas du soir, ce qui n’aida pas Mornar à parler moins fort, le cerveau embrumé par l’alcool. Il riait de tout et de n’importe quoi, laissant ressortir la pression des derniers jours, et malgré l’euphorie grandissante de ce début de soirée, ils ne se couchèrent pas trop tard, car la journée du lendemain était bien chargée pour les deux.

   Ils se retrouvèrent au petit matin devant l’auberge pour monter leurs chevaux. L’École d’Archerie était sur la même route que le musée. Mornar avait pris son arc et semblait légèrement soucieux, Eldan tenta alors de le rassurer, mais après observation, il vit que ce n’était pas l’anxiété qui le crispait, mais l’entrain de commencer.

   Après de longues minutes de trot, Mornar lui donna une tape sur l’épaule avant de prendre une allée qui menait à l’École. Eldan, lui, continua son chemin jusqu’au musée.

   Merino l’attendait au milieu de la cour d’entraînement et invita le jeune homme à se changer, lequel arriva face à son professeur quelques minutes plus tard. La leçon commença par un échauffement plus soutenu qu’à la veille, le maître d’armes y introduisit diverses instructions au bâton, enchaînant quelques parades et attaques dans le vide. Eldan utilisa Zaor pour certains exercices, afin de l’habituer à son maniement et aux sensations qu’elle lui procurait ; tout semblait plus facile avec elle, comme si elle l’aidait dans ses mouvements.

   Ils continuèrent par un travail d’esquive, parades, contre-attaque et feintes, puis finirent par de longs combats pratiqués en souplesse où il commençait à sentir quelques subtilités du maniement de l’épée.

   Un nouveau duel débutait.

   Haïdalir n’osait pas donner le premier assaut, car Merino savait exactement où frapper et, malgré le dynamisme du jeune homme, l’expérience du maître d’armes faisait la différence.

   − Attaque-moi, bon sang ! Tu attends quoi ? Que je te réduise en morceaux ?! Ne laisse jamais ton adversaire prendre le dessus. C’est à toi de diriger l’affrontement, pas à ta peur.

   Eldan serra les dents et tenta d’appliquer ses explications avant d’opter dans les mesures du possible pour une attitude plus offensive.

   − Mieux, c’est beaucoup mieux. Si ton adversaire est proche, n’hésite pas à bloquer son avancée par un coup de pied sur la rotule, ou par un balayage.

   Eldan avança et para in extremis une attaque sur son flanc droit, il riposta immédiatement par un assaut en piqué, très difficile à dévier. Merino le fit avec une vitesse étonnante, puis tournoya son bâton au-dessus de lui, pour s’arrêter sur la gorge d’Eldan, battu.

   Ils continuèrent sur cette lancée le restant de la matinée, jusqu’à midi, où ils prirent une pause qui permit au jeune homme de s’assoir enfin.

   − Tu as le potentiel pour devenir un excellent bretteur.

   – Ce n’est pas l’impression que j’ai.

   – J’ai plus de trente années de pratique derrière moi.

   – C’est peut-être ça, ouais, lui accorda Eldan en se levant pour s’étirer le dos.

   – Ne te décourage pas si vite, même si je ne t’enseigne pas l’Éclanergie pour maîtriser ton chi, le sens du combat, tu l’as dans le sang. Je n’ai jamais vu quelqu’un se battre comme tu l’as fait lors de sa deuxième séance.

   – Pourquoi ne pas m’enseigner l’Éclanergie alors ?

   – Beaucoup trop long. Nous devons retrouver un autre Haïdalir, c’est toi qui l’as décidé. À part si tu souhaites revenir sur ta décision et affronter Rha-Zorak personnellement.

   – Non ça va.

   – Bon, alors lève-toi. Allons manger quelque chose.

   Eldan s’impatientait de retrouver Mornar à l’auberge pour s’assoir et se détendre un peu. Il venait de travailler douloureusement toute la journée.

   Cette fois, il arriva avant son ami et dans un souffle de délivrance, s’installa au bar pour commander un jus citronné. Il avait la gorge sèche et une soif monumentale en prime. Il but une grande rasade et profita de cet état d’après-effort qu’il commençait à savourer de plus en plus. Il avait la nette impression que son corps, bien que fatigué, le remerciait de l’entretien qu’il lui offrait.

   Mornar entra dans l’auberge quelques instants plus tard, épuisé lui aussi.

   − Alors, comment était-ce ? demanda Eldan en regardant son ami prendre place.

   − Génial… « Plus précis encore tu dois être », c’est la phrase préférée de notre instructeur : un vieux barbu qui parle un dialecte de Sitcar. Malgré son air de vieux sage fou, c’est un tireur hors pair, il nous apprend une quantité d’astuces qui améliore la vitesse de tir et stabilise notre visée. Je m’en sortais plutôt bien jusqu’à ce que nous nous entraînions à l’épée – juste les bases obligatoires. Là, ce n’était plus la gloire.

   − Nous, nous n’avons fait que ça, toute la journée, dit Eldan, exténué.

   Les deux jeunes hommes discutèrent le reste de la soirée et firent plus ample connaissance avec Samon, apprenant ainsi qu’il n’avait pas toujours vécu à Aquira.

   − Je tenais une grande auberge, à Airatt. Elle se nommait : le Sommet ! leur expliqua-t-il avec une pointe d’amertume. Tout se passait bien, les gens venaient et repartaient avec le sourire, toujours satisfait. J’avais aussi mes clients habituels, dont beaucoup d’entre eux étaient des amis proches.

   Tout a basculé ce jour, continua-t-il en se raidissant subitement. C’était un début de soirée, un mauvais début de soirée, où j’ai malencontreusement fait la connaissance de cinq Huttlords qui ont débarqué dans mon auberge. Ils recherchaient un homme afin de venger un de leurs congénères mort au combat, et l’ont rapidement retrouvé, au sein de mon établissement. Après lui avoir mis la main dessus, ils ont brûlé mon lieu de travail qui était aussi ma maison. Je n’avais plus rien. J’ai donc longuement réfléchi, et j’ai finalement changé de vie, pour venir m’installer ici, à Aquira.

   − Décidément, cette espèce est un vrai poison, grogna Eldan.

   Le sujet se poursuivit jusqu’à ce que Samon leur fit goûter une liqueur de cerise qui commençait à prendre la poussière, mais il rangea vite la fiole avant que Mornar n’en ait bu la moitié.

   − Par la peau d’Ilirme ! Vous autres de Hatteron avez le gosier en pente !

   Ils prirent ensuite le repas au bar, mais ne tardèrent pas à s’écrouler dans leur lit avant que Samon leur fasse goûter une autre de ses spécialités.

   La fin de la semaine arriva très vite, les jours se ressemblaient et les deux jeunes hommes progressaient dans leurs nouvelles fonctions.

   Merino venait d’annoncer la fin de l’entraînement.

   − Nous ferons une pause demain, l’informa-t-il. Tu dois récupérer, c’est important.

   – Bonne idée.

   – Mais retrouvons-nous ici, même heure, nous devons aller aux bureaux du Conseil.

   Le maître d’armes rangea un vieux livre puis ajouta :

   − Et tu es invité à prendre le repas chez moi ce soir, ton ami est aussi cordialement le bienvenu, j’aimerais faire plus ample connaissance avec lui.

   – Avec joie !

   – N’apportez rien ! J’ai toujours trouvé cette coutume désobligeante.

   – Il y a autre chose que je dois savoir ?

   Merino lui adressa un regard mystérieux :

   – Quelques personnes que vous devez rencontrer, rien de plus, mais, soyons bien clairs à ce sujet, en dehors des convives de ce soir, personne ne doit savoir ce que tu détiens.

   Eldan eut un regard déconcerté :

   − Nous avons présenté, manié et fait essayer Zaor à un bon millier de personnes. Niveau discrétion, il y a mieux.

   − Son histoire et ses facultés sont très peu connues, aucun ne savait ce qu’il essayait de soulever, crois-moi. Donc, motus et bouche cousue.

   − Je vois.

   Eldan accepta donc l’invitation et partit retrouver Mornar qu’il croisa en chemin, pour lui communiquer l’information.

   Il approuva l’idée en lui faisant remarquer qu’ils n’avaient pas de tenue correcte pour la soirée et se rendirent donc chez un couturier bon marché pour y acheter le nécessaire avant de retourner à l’auberge pour se changer. Son ami aurait aussi l’occasion de remercier Merino pour la faveur qu’il lui avait accordée.

   Préparés à leur guise, ils partirent en direction du musée. Eldan portait un pantalon lisse, très sombre, ainsi qu’une chemise noire ficelée de blanc. Mornar était vêtu d’une braie brune et d’un chemisier beige surplombé d’un gilet gris acier.

   Ils arrivèrent devant le musée et sans tarder, ouvrirent les hautes portes qui donnaient sur le hall d’entrée. Mornar resta ébahi devant l’étendue de la salle qui ce soir, les enveloppait d’une fine obscurité. À peine l’archer eut-il posé un pied à l’intérieur, qu’il se précipita près d’un grand arc fixé contre la paroi de droite et ne put s’empêcher de tester l’élasticité de la corde avec curiosité.

   − Pose cet arc ! vociféra Eldan. Nous ne sommes pas dans un entrepôt ! C’est un musée, bon sang !

   − Rabat-joie…, marmonna-t-il en le remettant en place.

   Ils s’avancèrent vers la porte de son appartement.

   – Étrange, lâcha Mornar qui ne s’attendait pas à trouver sa maison à l’intérieur du musée.

   Eldan frappa et Merino vint ouvrir quelques instants plus tard, il était vêtu d’un costume acajou, mettant en valeur l’apparence de son savoir. Eldan le salua avec courtoisie en lui présentant son ami de longue date, qui s’avança près du maître d’armes pour lui serrer chaleureusement la main, le remerciant pour la dérogation offerte.

   Merino fit entrer ses convives, et les invita à s’asseoir autour de la table à manger où une fille y siégeait déjà.

   Le ventre d’Eldan se noua dès qu’il caressa des yeux les contours de sa silhouette. Elle était magnifique, et devait avoir son âge vu la jeunesse de ses traits, celle-ci détourna son regard pour venir se plonger dans le sien. Il se perdit dans le bleu profond de ses yeux et ne put s’empêcher d’admirer ses cheveux blonds, légèrement ondulés lui tombant en dessous de ses épaules, ainsi que sa peau qui semblait briller comme si elle absorbait la lumière ; des détails qui faisaient marteler son cœur comme s’il venait de courir des kilomètres.

   Eldan s’avança auprès d’elle en essayant de masquer son désarroi, laquelle se leva pour dévoiler la beauté de sa silhouette finement dessinée. Son premier pas était aussi gracieux qu’une danseuse, le deuxième laissait ressortir une certaine vivacité, puis le troisième procura au jeune homme une décharge de sentiments qu’il eut du mal à contrôler.

   Haïdalir fit la bise à la jeune femme comme il était coutume de le faire sur Melinir, chacun déposant simultanément un baiser sur la joue droite.

   − Je m’appelle Eldan Errendel. Je suis arrivé à Aquira il y a quelques jours…

   − Merino m’a déjà parlé de toi. Je me présente, Lalya Gadélia, dit-elle d’une voix douce.

   Elle portait un pantalon de soie azur, serré, et en haut, un magnifique chemisier blanc.

   Eldan s’installa à table et Mornar salua à son tour la jeune femme, mais son charme ne semblait pas avoir le même effet sur lui que sur Eldan qui connaissait trop bien ses traits de caractère pour sentir qu’il ne lui trouvait rien de spécial. Étrange.

   C’était la première fois que lui, qui d’habitude réussissait à ne pas se laisser aspirer par la beauté d’une femme, se retrouvait ébahi, émerveillé comme un enfant à qui l’on tend un cadeau, ce qui, normalement, était toujours le cas de Mornar.

   Trois autres personnes arrivèrent et prirent place à table. Mornar reconnut le premier, Nordal, qui s’entraînait dans la même École d’Archerie. Il avait les cheveux courts, très sombres, ainsi qu’une barbe finement dessinée qui soulignait le contour de son visage anguleux. Vingt-cinq ans, c’est l’âge qu’il semblait avoir.

   Ce fut au tour d’Eldan de reconnaître le deuxième arrivant, Shake, un pratiquant de l’École Ming. Merino lui avait donc enseigné les arts martiaux il y a de ça quelques années. Il était costaud, avec un visage allongé et musclé, sans un poil sur le crâne, ni de barbe, mais de nombreuses boucles d’oreilles. Shake semblait avoir trente, peut-être trente-cinq ans.

   Ils étaient tous deux vêtus simplement : pantalons gris sombre. Nordal, lui, portait un cardigan noir.

   La troisième et dernière personne était une femme, Lubile, qui travaillait pour Merino au musée, s’occupant principalement de l’accueil, de l’entretien des salles et de la cartographie. Le jeune homme, se souvenant de sa chevelure rousse et de son intelligence apparente, mit quelques instants avant de reconnaître la dame qui l’avait accueilli lors de sa première visite au musée.

   Elle serra sa robe entre les jambes pour s’assoir.

   D’après le nombre d’assiettes, tout le monde était arrivé.

   − Enchanté de faire ta connaissance, dit Nordal avec respect, en saluant Eldan. Le fameux Haïdalir… J’aurais donné ma main à couper pour savoir ce que cette lame recelait vraiment ; elle n’avait de mon point de vue pas l’air aussi banale que Merino voulait bien le faire croire.

   − C’est trop d’honneur, répondit Eldan, flatté. Cette situation est assez nouvelle pour moi… pour être honnête, je ne suis pas vraiment différent de vous. Et je n’ai pas envie de l’être.

   L’archer lui sourit avec courtoisie et s’assit aux côtés de Mornar, lequel entama aussitôt un débat animé sur la leçon de la veille.

   Merino était assis en bout de table. À sa droite siégeaient Eldan et les archers, et sur sa gauche, Lalya, Lubile et Shake.

   − Je lui ai flanqué une raclée qui secouera encore ses petits-enfants ! s’écria Shake. Je vous jure que je n’ai jamais vu quelqu’un détaler aussi vite !

   Il terminait une histoire dans laquelle il s’était querellé avec un soldat dans une taverne après une patrouille. Il leur avait expliqué qu’il travaillait dans les forces de l’ordre et rencontrait souvent ce genre d’incidents. Eldan remarqua qu’il parlait fort et espérait que tout le monde l’entende. Il était imposant et fier de lui, mais très sympathique malgré cette tendance à se mettre en avant, contrairement à Nordal qui pour l’instant se faisait plus discret. Ce dernier les avait informés qu’il oeuvrait dans la construction de bâtiments en dehors de sa formation d’archer.

   Son récit terminé, Shake se tourna vers Eldan, et observa quelques instants son épée.

   − Zaor, l’épée de tous les mystères… Je rêverais de voir de quoi elle est capable, car je suis, si je peux me permettre, l’un des plus forts de l’école, et je n’ai jamais ressenti une telle sensation d’impuissance lorsque j’ai tenté de soulever cette lame.

   Eldan fut surpris qu’il utilise le nom de l’épée, mais Merino leur avait sûrement déjà tout expliqué à son sujet.

   − Ça a été pareil pour moi, ajouta Mornar, le sourire aux lèvres. On s’y habitue, tu verras.

   Shake rit sauvagement et s’enfila une rasade de cidre en continuant de l’observer d’un air intrigué. Mais un sifflement aigu en direction de la cuisine leur signala que le repas était bientôt prêt ; Merino se leva donc de table pour aller chercher les plats. Le brouhaha s’amplifiait, les verres se vidaient, et les rires fusaient à travers la pièce. Le jeune homme remarqua que tous les convives en dehors de Mornar et lui-même se connaissaient parfaitement, ils devaient être des amis de longue date.

   Eldan, souhaitant en connaître davantage sur les liens qui les unissaient, demanda à Lalya :

   − Comment as-tu rencontré Merino ?

   La fille plongea son regard dans le sien, ce qui le dérouta à nouveau, mais il tenta de conserver une certaine impassibilité.

   − Mes parents font eux aussi partie du Conseil d’Aquira et venaient régulièrement au musée lorsque j’étais toute petite. J’ai pris mes premiers cours d’escrime avec lui, en privé. Il m’a ensuite permis de suivre une formation dans une caserne, car ce n’est pas facile d’y entrer pour une femme.

   Eldan avait un mal fou à mettre de l’ordre dans ses pensées lorsqu’il croisait son regard, ce qui ne l’aidait pas à suivre ce qu’elle disait. Il s’imagina comment elle avait pu tenir dans une caserne qui ne devait compter que des hommes.

   Elle reprit ses explications en voyant son interlocuteur s’intéresser à son histoire :

   − J’ai connu Nordal et Shake lorsque je me suis inscrite à l’École Ming ; je devais avoir dix ans. Après son départ, Arondor a pris le relais, et depuis, il s’est éloigné de la pratique originelle de Merino pour le transformer en corps à corps. Nordal et moi avons décidé de quitter l’école pour nous spécialiser dans un autre domaine ; nous ne trouvions plus ses enseignements d’aussi bonne qualité que ceux de Merino. Il s’est orienté en archerie et moi en caserne, ce qui a fortement déplu à mes parents d’ailleurs, qui me voyaient faire des études de Magistrat.

   Elle eut un petit rire en se remémorant la dispute qui avait éclaté lorsqu’elle leur avait annoncé la nouvelle, puis elle continua :

   – Mais, étant donné que nous ne sommes pas en guerre, en tant que soldats, nous n’avons pas grand-chose à faire à part des patrouilles et de la reconnaissance de terrain, c’est pourquoi je travaille le reste du temps dans l’administration, au Conseil.

   À son tour, Eldan lui raconta brièvement son enfance, ses péripéties avec Mornar, sa famille, ses projets jusqu’à sa rencontre avec le Huttlord : le basculement de sa vie.

   − C’est bien ça ? demanda Lalya en pointant son regard vers le manche de l’épée.

   − Oui, je ne m’en sépare plus depuis que je connais sa valeur. Je sais, un costume et une épée, ce n’est pas ce qu’il y a de plus élégant à porter.

   − Puis-je la voir ?

   − Bien sûr.

   − Ne t’inquiète pas. Je ne vais pas essayer de la porter et risquer de fendre en deux la table de Merino.

   Eldan sortit l’épée de son fourreau et la tendit devant elle ; il sentit aussitôt le regard des autres converger en sa direction.

   − Merino m’en a tant de fois parlé depuis une semaine, continua Lalya avec fascination. Je peux la toucher ?

   − Vas-y.

   Elle caressa le tranchant de la lame avec le pouce.

   − Un vrai rasoir.

   Lalya retira sa main après quelques instants, déçue, c’est du moins ce qu’il lui sembla, car ce n’était pas la curiosité qui l’avait poussé à toucher sa lame, mais un intérêt plus spécifique. Une autre idée qu’elle avait en tête.

   Mais laquelle ?

   Eldan rangea Zaor, car Merino arrivait avec le festin. Une dinde mijotée dans une somptueuse sauce à l’oignon et deux autres plats agrémentés de pommes de terre et de différents légumes.

   Le repas fut copieusement servi à tous les convives qui salivaient en attendant d’y goûter.

   – Bon appétit, décréta Merino.

   Mornar se rua littéralement sur son assiette. Au bout de quelques minutes, tout le monde avait pratiquement terminé, sauf Merino et Lubile qui ne mangeaient pas comme des gloutons.

   – Par la peau d’Ilirme, s’égosilla le maître d’armes, quelle bande d’affamées… Servez-vous encore, il y en a bien assez.

   Les assiettes débarrassées, ils commencèrent à converser du projet d’Eldan.

   − Je comprends ta décision, mon ami, dit Nordal. Je n’espère jamais devoir m’approcher de lui. Sais-tu qu’il y a cinquante ans environ, la Région des Tempêtes n’existait pas ? C’était une belle contrée verdoyante, comme chez toi je suppose, où résidait un village qui se nommait Mirlion. Rha-Zorak s’y est rendu, accompagné d’une troupe de Huttlords… et ils ont tout brûlé. Mais ils n’en sont pas restés là, chaque habitant a été tué, qu’il soit homme, femme ou enfant. Certains sont morts de leurs mains, d’autres par les flammes. Il n’y a eu aucun survivant. Je crois qu’il s’agissait d’une histoire de complot contre lui, quelque chose comme ça. Depuis ce jour, une tempête permanente ravage les environs.

   − C’est abominable…, fit Lalya.

   Eldan connaissait déjà ces faits, il les avait lus dans un ouvrage appartenant à Fourmat, mais les entendre à nouveau lui hérissait les cheveux.

   − C’est incompréhensible, dit Mornar. Comment… comment est-ce possible, bon sang ? Les meilleurs sorciers se battent pour conserver un sortilège plus de quelques jours, et lui, on dirait qu’il est capable de tout !

   − Pas exactement, dit Merino. Ses aptitudes physiques dépassent largement celle d’un homme, c’est vrai, mais son pouvoir ne se limite qu’à modifier ou déclencher des perturbations climatiques, ce qui, je te l’accorde, est déjà un exploit exceptionnel, et totalement inédit.

   − Mais qu’a-t-il fait d’autre, qui soit si… perturbant ? demanda Mornar. Je ne connais pas grand-chose à son sujet pour être honnête.

   Nordal regarda Merino qui lui adressa un signe de tête.

   − En 2101, il y a un peu moins de trente ans, commença l’archer, Alheam Nithril venait de mettre fin au conflit qui nous opposait à Galdar-Kahl, et Agrelba Bastaq, qui occupait le Département Militaire, voulut profiter de l’opportunité pour faire tomber Rha-Zorak par la même occasion. Il fit donc part de ses plans au Conseil : charger son fort avec l’aide de Nimendal sur deux fronts. Il prévoyait de l’attaquer par vagues, enfin, il avait élaboré une stratégie plutôt prometteuse. Seulement, le lendemain après nous avoir clairement exposé son projet, un éclair foudroya sa maison, la réduisant en cendres. Et dans le ciel, des nuages avaient formé le visage de Rha-Zorak.

   − Et je peux vous dire que plus aucun projet de ce genre n’a été entrepris, ajouta Merino, car le Conseil craignait qu’Aquira se fasse anéantir comme l’avait été Mirlion, mais il n’en a rien été, heureusement.

   « Il y a eu aussi autre chose de plus troublant, reprit-il. C’est arrivé suite à cela. Le Conseil a convié Rha-Zorak à Aquira.

   « Le Conseil souhaitait donc discuter des mesures à prendre pour éviter un conflit ouvert ; Rha-Zorak leur a donc expliqué qu’il savait tout du plan d’Agrelba, et qu’il avait décidé d’intervenir de cette manière au lieu de réduire en bouillie nos deux armées. Le Conseil a compris qu’il était inutile de lutter contre lui d’une quelconque manière, et s’engagea à ne plus se mêler de ses affaires, lui accordant que c’était par son bon vouloir qu’ils étaient encore en vie. Rha-Zorak leur promit qu’ils n’auraient rien à craindre de lui s’ils tenaient parole, mais que, dans le cas contraire, leur faux pas provoquerait la chute de la cité.

   − Et d’après ce qu’on dit, fit Shake. Il aurait conquis les Huttlords et les Hassamdaïs en éliminant tour à tour leurs deux chefs de guerre, en combat singulier.

   − Il y a aussi eu un épisode étrange, ajouta Lubile. La Crevasse des Damnés. C’était il y a quarante ans, à quelques kilomètres au sud d’Elloros, près de la Forêt du Nord. Rha-Zorak avait passé un pacte avec une tribu de Barbares du Nord, qui devaient patrouiller pour lui près de Horp. Mais ils ont n’ont pas respecté cet accord, et Rha-Zorak est allé personnellement leur rendre visite. Ceux-ci tous aussi amoureux de la guerre et de la stupidité ont choisi de l’affronter, ils étaient une centaine à se tenir face lui. On ne sait pas comment et l’on ne le saura probablement jamais, Rha-Zorak a littéralement ouvert le sol sous eux, une fissure large d’une dizaine de mètres et environ dix fois plus longue. La plupart sont tombés, mais ceux qui ont pu s’en échapper ont reçu une rafale si forte qu’ils se sont envolés jusque dans la crevasse, d’où son nom. Bien sûr, comme tu peux le comprendre, le vent n’était pas d’origine naturelle. De nombreux habitants d’Elloros ont vu l’incident, de loin, et c’est peut-être aussi la raison pour laquelle Galdar-Khal a réuni tous les clans sous une seule bannière dix ans plus tard.

   − Et Rha-Zorak ne peut pas mourir, termina Lalya.

   Cette dernière phrase, bien que plus courte que les autres, eut un effet glacial sur tout le monde. Un véritable silence de mort s’installa à table, un moyen de rappeler à chacun que l’aspect le plus délicat de la situation était que ni le temps ni les armes n’avaient d’emprise sur lui.

   Shake frappa sur la table et s’exclama :

   − Où que tu ailles, je te suivrai, Eldan Errendel ! Je promets de t’aider à trouver l’homme que tu recherches. L’homme qui pourra nous débarrasser de ce tyran.

   Eldan fut surpris par cet entrain inattendu, apparemment Shake n’était pas du genre à se laisser intimider, et ça le rassurait.

   − Tu m’as devancé ! fit Nordal en le soutenant du regard. Puis, il se tourna vers Eldan. Je te suivrai aussi longtemps que mon cœur battra, et je pourrai par la même occasion apprendre à Mornar à tirer.

   Celui-ci entendit la provocation et esquissa un sourire vicieux avant de lui donner un coup de coude dans les côtes.

   − Et à frapper, aussi, continua-t-il.

   − Ce n’est pas ce que tu disais hier après que je t’ai mis une raclée durant l’exercice des cinquante flèches, riposta Mornar.

   − Lorsque tu devras partir, viens me voir au musée, déclara Lubile d’une voix plus calme. Je te donnerai des cartes importantes.

   − Lubile, Lalya et moi resterons à Aquira, affirma le maître d’armes. La ville a encore besoin de nous, et je ne peux me permettre d’abandonner ma place au Conseil.

   − Je comprends très bien, acquiesça Eldan. Vous m’avez déjà bien assez aidé.

   − Je serai plus utile à leurs côtés qu’en restant cloîtrée ici, dit Lalya en secouant la tête.

   − Aquira a besoin de tes services, tu le sais, l’interrompit sèchement Merino.

   La jeune femme le regarda d’un air contrarié.

   Eldan eut envie de faire de même, mais le maître d’armes devait avoir ses raisons et il se promit qu’il ne tarderait pas à les découvrir. Décidément, elle lui offrait de plus en plus matière à réfléchir ; elle avait un côté mystérieux qui lui donnait envie de la connaître davantage.

   La soirée se déroula dans une ambiance festive. Tout le monde se décontractait et passait un agréable moment, malgré les sujets abordés qui étaient loin d’être des contes de fées. Le sommeil se manifesta chez tout le monde quelques heures plus tard. Sentant que ses invités n’allaient pas tarder à s’en aller, Merino voulut clore les débats :

   − Merci à tous d’être venu, j’espère que le repas était à votre guise. Je vous communiquerai prochainement la date du départ d’Eldan. Je vous souhaite une bonne nuit et un bon bal des plumes…

   Le vent frais procura à Eldan un sentiment de liberté, de bien-être. Ses yeux admiratifs se posèrent sur les cheveux de Lalya qui ondulaient avec légèreté, telles des flammes. Il peina à détourner le regard de sa silhouette élancée puis souhaita une bonne nuit à tout le monde, les remerciant encore une fois pour leur aide et leur soutien. Le dévouement dont chacun avait fait part lui avait fait chaud au cœur.

   Eldan et Mornar marchaient à présent seuls en direction de l’auberge. Le ciel était découvert, laissant apercevoir un magnifique rideau d’étoiles. Une fine lumière inondait Aquira en cette fin de soirée bien arrosée…

   Leur ivresse ne leur permettait d’avancer plus vite qu’un couple de quatre-vingts ans et leur conversation passait d’un ton à l’autre très subitement.

   − Aucune fille de Hatteron ne lui arrive à la cheville ! dit le jeune homme encore ébloui.

   − Je ne lui trouve rien de spécial… Silève avait du charme.

   − Un charme qui n’a jamais opéré sur moi… Mais elle, Lalya, elle a quelque chose de différent, qui m’attire comme un aimant. Mais il faut que je me calme un peu, je dois rester concentré sur mon objectif, et ne pas me laisser dérouter par la première fille que je rencontre. De toute manière, je partirai bientôt et ne la reverrai sans doute jamais.

   – Et après on me dit que je n’ai pas le cran de dévoiler mes sentiments ?

   − Tu connais Silève depuis toujours, c’est différent. Tu ne voulais quand même pas que je lui saute au cou dès le premier soir ?!

   – C’est vrai que tu n’aurais pas été très crédible. Hic !

   – Mais pourquoi l’avoir invité ? Nordal et Shake assurerons nos arrières durant le voyage, Merino et Lubile nous aideront pour les préparatifs, mais Lalya, il la volontairement tenu à l’écart. C’est étrange.

   − Il voulait juste te faire tomber amoureux, fin de l’histoire ! railla l’archer à pleine voix. Et il a brillamment réussi son coup.

   − Parle pour toi ! Même lorsque tu sortais avec une fille, tu ne pouvais t’empêcher de reluquer Silève de la tête aux pieds.

   − Moi au moins j’ai du goût, toi, par contre toi, je n’ai jamais compris comment tu choisissais les tiennes. Pourquoi être sorti avec Adèle ? Par tous les saints, elle ressemblait à une taupe ! Alors que Meline avait clairement un faible pour toi, cette fille était un cadeau du ciel et tu ne lui as pas accordé la moindre attention !

   − Peut-être, mais je dis les choses en face, moi !

   − Tu voulais que je dise à cette pauvre Ellina ce que je pensais réellement ?! s’écria Mornar en titubant. Elle m’aurait pleuré dans les bras le restant de mes jours.

   Eldan sentait que Mornar s’emportait de plus en plus et eut une idée pour le calmer.

   − Attrape ! cria le jeune homme en lui lançant Zaor, toujours dans son fourreau.

   Mornar la reçut sur les avant-bras, puis s’écroula sur le dos, plaqué au sol. Eldan pouffait de rire en le voyant se débattre comme un diable contre un simple morceau de métal, mais son ami semblait survolté de plus belle.

   − Ha ! Ha ! Je vois que tu trouves ça drôle ! Fais seulement le malin…, grommela-t-il en devenant rouge comme une pivoine.

   Eldan l’aida en reprenant son arme, puis la remit à son ceinturon. Les deux jeunes hommes remarquèrent qu’ils avaient un peu trop bu et qu’ils agissaient comme des enfants de dix ans.

   Ils se hâtèrent donc de retourner à l’auberge tant bien que mal, mais la route semblait plus longue qu’à l’ordinaire, peut-être parce qu’ils avançaient en zigzag depuis qu’ils étaient partis du musée.

   Eldan se réveilla le lendemain avec une tête lourde comme du plomb, descendit les escaliers et demanda à Samon un grand pot d’eau, lequel lui servit avec un sourire moqueur.

   − Ton ami en est déjà à son troisième !

   Du doigt, il lui montra Mornar avachi à une table, en train de décuver.

− Il est dans un sale état, s’esclafa-t-il.

   Eldan s’approcha de son ami et s’assit en face.

   − Heureusement, je ne m’entraîne pas aujourd’hui, commenta le jeune homme.

   − Moi si…, dit l’archer sur un ton de dépit.

   Après s’être remis en forme comme ils le pouvaient, ils sortirent de l’auberge en direction du musée, Mornar s’arrêta à l’École d’Archerie, le pas traînant.

   Le jeune homme laissa son ami dans ses débats personnels et reprit la route. Il se demandait ce qu’il découvrirait aujourd’hui, car Merino lui réservait chaque jour de nouvelles surprises.

   Les rayons du soleil vinrent amicalement le réchauffer et lui annoncer une agréable journée, bien que son mal de tête lui indique le contraire.